Mémoires d'une Geisha par Nina in the rain
Je suis assez fascinée par les geishas. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en ai strictement aucune idée, mais ces vies de femmes à la fois prisonnières et libres me passionnent réellement. J'ai lu il y a quelques années le Geisha d'Arthur Golden, mais j'ai tenté de garder à l'esprit que c'était un roman écrit par un homme occidental qui livrait sa vision de la vie d'une femme asiatique et j'ai cherché un récit de première main. C'est pourquoi lorsque j'ai trouvé ce texte chez Picquier, je me suis précipitée. Et la plupart de mes soupçons se sont trouvés avérés. Là où Golden voyait romantisme et féminisme avant l'heure, Yuki Inoué montre bien l'avilissement et l'asservissement des petites filles puis des jeunes femmes japonaises, esclaves de maîtresses des okyia qui, finalement, étaient bien des bordels un peu raffinés.
Dans ce texte, Inoué raconte la vie de «mère» de son okiya, qui a été vendue à 9 ans pour devenir geisha. On la suit au cours de son apprentissage mais finalement la vie de geisha elle-même est assez peu abordée, sauf dans ses aspects les plus financiers. C'est plus un texte sur elle que sur les geishas. Par contre, son enfance et sa formation sont tout à fait précis et il est assez intéressant de découvrir les différences de traitement d'un pays à l'autre voire d'une décennie à l'autre.
La lecture n'est pas toujours des plus agréables, surchargée qu'elle est par des précisions et des explications sur tous les aspects de la vie japonaise qui, si elles sont intéressantes, sont parfois un peu pesantes dans des scènes où on voudrait plus d'action. Le roman est d'ailleurs uniquement descriptif et c'est probablement cela qui lui donne un côté un peu... lourd. J'aurais tendance à conseiller sa lecture aux personnes vraiment intéressées par la condition de geisha. Pour ceux qui veulent quelque chose de plus vivant mais d'un peu moins juste historiquement, le roman de Golden est une lecture très agréable.