Laurent Genefort, après de nombreux romans (une trentaine à seulement 43 ans), connaît bien son métier. D'autant que ce n'est pas à lui qu'il faut faire la leçon sur la Science Fiction, vu qu'il a soutenu une thèse passionnante, que j'ai eu la chance de lire, sur l'architecture du livres-univers comme Dune ou Hyperion.
Du coup, son roman se lit bien, très bien même. Surtout qu'il est court (rassurez-vous Folio vous fait cadeau, en plus du roman, d'une nouvelle déjà parue dans un Bifrost). En effet, les auteurs récents de Space Opera (puisque c'est de ça qu'il s'agit) ont une facheuse tendance à vous pondre des sagas sur 3 ou 4000 pages, façon Alastair Reynolds ou Peter Hamilton.

ci, notre auteur nous livre un récit concis et bien construit, en trois volets, comme les actes d'une tragédie humaine : celle d'un assassin sans âge, voyageant de monde en monde et portant la mort comme compagne, dans une valise étrange. En fait le monsieur est capable de transférer son esprit dans n'importe quel corps pourvu qu'il ait pu l'immobiliser quelques heures en toute discrétion. Et c'est ainsi qu'il vend ses services aux Corporations interstellaires pour les débarrasser des encombrants. Lui seul est capable de se glisser dans la garde raprochée d'un dictateur ou d'un parrain et, dans la peau de son meilleur ami, le saigner en le regardant dans les yeux.
Si le principe n'est pas sans évoquer la machine à rêve d'Inception, la narration nous emmène sur différentes planètes, à la rencontre d'ethnies et de cultures nouvelles et terriblement intéressantes. On pourra d'ailleurs remarquer que le dernier acte nous dévoile un Colonel, très proche d'un dictateur récemment refroidi par son peuple. C'est lorsque le temps et l'espace abolissent les frontières entre la réalité et la fiction, pour nous raconter un récit très humain, que l'auteur de Science Ficiton réussit son pari d'ailleurs et demain.
Le reproche que je fais à Genefort c'est de trop protéger ses révélations, rendant le personnage principal un brin trop neutre et logiquement sans motivation. Mais qui ne perdrait pas son humanité à se copier de corps en corps, mélangeant ses propres souvenirs à celui de ses hôtes, et ce depuis des siècles ?
Même si ce n'est pas le livre de l'année, Mémoria est un roman agréable, simple, bien ficelé qui pourrait réconcilier beaucoup de déçus par le space opéra et ses décors lointains.
Richie
7
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le 22 nov. 2011

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Richie

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