C'est un livre bien sympathique que ce court ouvrage du botaniste Jean Marie Pelt. Il y est surtout question de fleurs et d'insectes, au travers d'anecdotes surprenantes et de faits méconnus. Mais Pelt nous offre aussi des comparaisons édifiantes entre le monde animal et le monde des plantes. Sa vision est large, empreinte d'écologie, et brosse un beau portrait d'une Nature qui a décidément plus d'un tour dans son sac pour apparier fleurs et pollinisateurs.Ce chouette voyage en Botanie est malheureusement souvent parasité par un galimatias de citations religieuses mal venues et des idées un peu bizarres sur la femme et le sexe.
Le début du livre est amusant: Jean Marie Pelt nous met à l'aise en nous montrant comment Sherlock Holmes aurait pu résoudre des crimes en se servant de connaissances botaniques. Puis il élargit l'horizon en dressant un étonnant travelling sur les ères qui ont vu l'avènement des plantes, leur impact sur la chimie du monde, leurs "stratégies" de survie. Ce chapitre est sans doute le meilleur. On regrettera que le vocabulaire de Pelt soit autant accès sur un motif de quasi- intentionnalité du vivant, ou de la volonté d'un démiurge. Même si ce n'est pas littéral, c'est peu sérieux . (La génétique était pourtant fort en vogue déjà en 1986) .
Le propos très clair du début du livre se dissout peu à peu dans une construction qui bégaye un peu et qui assène des citations complètes de la Genèse, des évangiles , en appelle à St Paul, évoque l'Islam. Des idées bizarres surgissent sur le rôle des femmes (cette côte de l'homme, n'est-ce pas...), leur place dans la Bible et dans le monde et même Darwin se voit mis à mal (très poliment sans doute) par des hypothèses saugrenues. Si on est indulgent, Pelt fait penser à Stephen Jay Gould et ses magistères séparés, mais il s'y prend mal, parle beaucoup de Création et reste intrusif, comme un mormon sur votre pas de porte...
C'est dommage cette affaire car le livre fourmille d'infos intéressantes (je ne regarderai plus un arum sans un frisson d'angoisse...) , de comparaisons éclairantes ("l'invagination" des animaux est frappant ) et d'anecdotes étonnantes (Le combat de Nelson contre le champignon qui bouffe son bateau). Mais le prosélytisme qui gonfle en cours de lecture est vite agaçant. J'ai eu du mal à finir je dois dire.... (Le dernier chapitre est écolo et sympa)
A lire pour les petites infos et quelques fulgurances, mais il y a surement mieux dans l'oeuvre de ce grand écologiste. Dommage...