C'est un grand non pour ma part. Sophie Hannah est celle qui a eu le cadeau empoisonné d'écrire un nouveau roman avec Hercule Poirot comme héros. Mais non, grand non, c'est une petite catastrophe.
Pour une auteur qui se dit fan d'Agatha Christie, on se demande ce qu'elle a retenu de l'oeuvre de la reine du crime. Car elle ne voit les romans d'Agatha Christie comme une oeuvre où on doit se taper un héros insupportable (Poirot) résolvant un mystère complètement halambiqué.
Oui. Et non. Mais surtout du non en fait. Car Agatha Christie, ce n'est pas ça.
Certes, les résolutions d'enquête sont souvent compliquées chez Agatha Christie. Mais quand Poirot explique ce qu'il s'est passé le lecteur se dit "mais bien sûr" car la réponse n'est jamais si compliquée, c'est surtout que l'auteur l'a dissimulé derrière un tas de choses qui nous empêchent de comprendre la vérité. Là, c'est juste incompréhensible. J'ajoute à cela un détail choquant, c'est que Hannah se permet de donner à un personnage un alibi que le lecteur ne pourra pas vérifier "elle est à une soirée entre amis" pour qu'à la fin on apprenne "et non mensonge!!!!". C'est absolument honteux d'utiliser ce procédé, je ne sais même pas comment une fan de roman policier ose faire ça à ses fans que de résoudre un problème d'alibi par un simple "mensonge" (de plusieurs personnes que le lecteur ne pourra jamais confronter). C'est scandaleux, et je pèse mes mots.
Bref, une intrigue sans intérêt qui aboutit à un final sans queue ni tête.
Quant à Poirot, jamais il n'aura été aussi détestable. Sophie Hannah essaie de reproduire le personnage culte, mais elle force on ne peut plus sur ses traits et son côté monsieur je sais tout est si pénible qu'on se demande comment un auteur de roman a pu vouloir faire revivre un personnage si c'est pour le montrer ainsi.
J'ajoute sur le vrai problème du livre (car au final, le reste est déjà embêtant, mais ce n'est rien quand on compare au gouffre béant qui arrive) c'est que le livre n'est pas du tout un roman d'un Hercule Poirot. Je m'explique. Chez Agatha Christie, on a affaire à des "who done it ?" dans le sens où il y a une enquête avec des suspects, qui ont des alibis (qui ne se détruisent pas page 300 pour dire ah non au fait j'ai oublié c'était un mensonge ça) et qui ont des motifs. Le lecteur s'interroge. Mais là, ce n'est pas du tout ça. Non, il n y a aucune recherche sur qui est le coupable, c'est juste que s'est-il passé (vu qu'on n'y comprend rien) et il n y a pas de "est-ce lui ?" "est-ce elle ?" chose qui fait la force des romans d'Agatha Christie, ce côté très ludique auquel le lecteur prend goût. Là, pas de suspects, pas vraiment d'enquête.
Si le livre est incompréhensible, on comprend encore moins comment les héritiers d'Agatha Christie ont pu laisser ce "truc" être publié. Et j'ajoute que j'avais très envie de le lire et de l'aimer, donc je n'étais pas du tout contre le projet à la base.