Ce n'est pas "Midnight Movie" qui me réconciliera avec Tobe Hooper. Mis à part "Massacre à la tronçonneuse" et "Poltergeist" (quoi qu'en dise les rumeurs sur le rôle de Hooper dans ce film, et les propos flous de ce dernier dans ce roman qui fera pratiquement vœu de silence sur le sujet), sa filmographie est au ras des pâquerettes.
"Massacre à la tronçonneuse 2", c'était une tentative tardive d'allier horreur et humour noir non sans débâcle. "Massacres dans le train fantôme", c'était un film d'horreur tellement fade et en retard sur les productions de l'époque. "L'invasion vient de mars", un film de SF peu convainquant ,sans oublier l'effroyable "Mortuary" dont il ne peut pas vraiment s'en vanter mais qui figure comme argument de vente sur la quatrième de couverture de ce roman, ses deux contributions à la série TV "Masters of horror", ratées,...
Mais alors pourquoi s'atteler à la lecture d'un scénario d'un réalisateur qui ne figure pas dans mes préférés? Premièrement, il n'a plus rien réalisé depuis "Mortuary" en 2005. Deuxièmement, comme disait "Joueur du grenier" : "La persévérance, c'est une qualité. Même quand on est con ", ce pourquoi je pars du principe que nous apprenons de nos erreurs et que vu le potentiel du monsieur et les deux monstres du cinéma que nous lui devons, il était intéressant de nous y pencher. Et comme je suis ce genre de cons qui fonce droit devant lui sans y réfléchir par deux fois, il m'a eu le bougre. Troisièmement, c'est le premier roman qu'il écrit. Et même si je ne le porte pas dans mon cœur, je me laisse tenter. Nous ne sommes jamais au bout de nos surprises. Quatrièmement, étant peu distribué, je suis tombé dessus en occasion et j'en ai finalement fait l'acquisition pour la modique somme de 10 euros. Tobe Hooper, pour ceux qui s'y connaissent un minimum dans le cinéma d'horreur; c'est un nom vendeur.
N'y allons pas par quatre chemins: "Midnight Movie", c'est un ratage de plus. Et ce n'est pas étonnant. J'ignore si Hooper est un fervent lecteur mais ce que je sais, c'est que les scénarios, ce n'est pas son fort. Dans ce court roman (250 pages environ), il se met en scène lui-même. Il aurait été plus judicieux de faire de son personnage principal un réalisateur indépendant ou fictif, tant il n'inspire pas la sympathie et ne transpire pas l'intelligence. L'intrigue est peu passionnante, lorgnant plus du côté d'un "Demons" que d'un "The Ring" alors que ce dernier en est une des influences. C'est dire. Les dialogues sont mal écrits, enfantins, donnent l'impression d'avoir été écrits par un adolescent rêveur à ses débuts d'écriture. En contrepartie, certains points se doivent d'être soulignés: La forme du récit tout d'abord. La ligne directrice est racontée par le biais d'articles de journaux, de journaux de bords, de commentaires twitter interposés. C'est original et ça évite des lignes de dialogues aussi creuses que celles auxquelles nous avons droit dans la foulée. La contagion du virus et le rôle de la sexualité sont des points intéressants tout comme l'idée de retrouver de vieux camarades pour tourner un film d'horreur qui mettra fin à l'apocalypse zombie. Bonne idée. Mais trop vite expédiée.
La plupart du temps, le dialogue se succède aux différents personnages faisant passer le récit en subjectif, une forme absolument pas pertinente et redondante sur le long terme.
Mais c'est plat. Terriblement plat et fade. L'écriture est puérile, le récit n'a rien d'inédit ou de captivant, les personnages sont abrutis et leurs dialogues consternants de bêtise (Tobe Hooper en premier) . L'effort était louable mais ce bouquin confirme l'inaptitude de Hooper à se renouveler. Torché et torchon...et trop coûteux pour ce que c'est.