Le journal anglais de May Dodd est souvent trop bien composé - dialogues reconstitués, détails intimes, tenue de l'action - pour qu'on puisse croire à une archive authentique. Pour autant, je me suis assez rapidement pris au jeu, et au-delà de certains agacements, stylistiques ou de vraisemblance psychologique, je n'ai guère à feindre mon plaisir.
Au vu de certaines des critiques postées ici, je pense la traduction française assez médiocre (le soucis avec le roman américain mainstream est que le rythme de ses phrases et périodes, répétitives et explicites, passe assez mal dans un français littéraire, plus ramassé, friand de non-dit et assez intolérant aux redites). En Anglais, ce livre, quoiqu'un brin long, se lit fort bien et ennuie peu. On y suit sur un an l'aventure de May Dodd comme une tranche de cet étrange XIXè siècle américain, où l'immémorial des Grandes Plaines indiennes est en passe de se retrouver balayer par l'Histoire, ce truc à majuscule faiseur de charniers. Pour autant, l'on y vit, et, aussi improbable cette histoire d'un don de femmes à une nation indienne soit-elle, la rencontre qu'elle occasionne possède quelque vraisemblance (j'aimerais quand même bien savoir si les indiens ne prenaient réellement leur déduit amoureux que de la façon exposé dans un érotique mais un peu trop exotisant chapitre).
Je ne saurais en dire plus : je suis peu lecteur de romans et manque des outils de leur critique ; et je ne connais quasiment rien à l'histoire des Indiens d'Amérique. Tout cela en tout cas me donne l'envie d'en savoir plus, sur cette période et les gens qui l'ont faite. C'est bon signe.