Je viens donc de finir les 9 tomes des futurs mystères de Paris. La légère sensation de manque est un signe qui ne trompe pas, les bouquins sont globalement de bonne qualité. Certains tomes sont passablement foutraques comme « Toons » ou « les ravisseurs quantiques », mais d’autres comme « Babaluma » ou donc « Mine de rien » relèvent très agréablement le niveau d’ensemble.


De mon point de vue, exception faite de « Toons » qui est définitivement trop branque et pas assez carré dans sa construction, la série progresse réellement au fur et à mesure des tomes : après un premier roman sous forme de mise en place, « les ravisseurs quantiques », même si il apporte des éléments importants pour la suite de l’intrigue, laisse craindre que l’auteur se perde dans des délires pas nécessairement utiles.


Et puis dès « l’odyssée de l’espèce », en se recentrant sur la psychosphère et les archétypes, en particulier les Yeux rouges, Wagner fait monter d’un cran l’intérêt pour les aventures de Tem. Il permet aussi à l’ensemble de gagner en cohérence au fur et à mesure des intrigues s’enchevêtrant, de la récurrence des personnages également.


Le fait de changer régulièrement de narrateur, en plus de Tem on peut noter Ramirez, Ordalie, Eileen, Gloria, Peggy Sue pour les principaux, offre d’autres angles, ménage le suspens parfois. Ca permet aussi de nous attacher à ces personnages qui ne sont plus tout à fait secondaires, y compris aux ayas qui malgré le rôle, un peu facile avouons-le, de deus ex machina, se retrouvent avec plaisir quand elles daignent s’immiscer dans les affaires de notre petite bande.


Pour parler plus précisément de la fin de la saga et du dernier tome en particulier, ce qui frappe c’est une ambiance de plus en plus sombre. Sans renier des côtés loufoques et souvent drôles, sans faire plus dans le sordide ou le sanglant qu’au début, le récit prend une teinte plus dramatique à mesure que certains personnages disparaissent, que Tem prend conscience de la nature fondamentalement inhumaine des archétypes, que les technotrans n’apparaissent plus uniquement pour être moquées mais font montre d’efficacité et de noirceur. Si on ajoute à ça le quasi testament de tête de crâne qui conclue le dernier livre, le sentiment de vague à l’âme qui prend une fois le bouquin refermé est plutôt persistant.


Sûrement amplifié par le décès de l’auteur il y a quelques années, qui en plus d’être un auteur intéressant était un spécialiste de la SF en générale, du Rock (en particulier progressif), ex-membre de Brain Damage et pour couronner le tout un mec absolument sympathique et passionnant. Tristesse donc de savoir que Tem, Ramirez, Gloria et les autres n’auront plus d’aventures à nous raconter, sinon dans la psychosphère…

CorwinD
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le 4 août 2015

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