(Spoilers mineurs et mention du final)
Ce livre est l'histoire de Paul Sheldon, écrivain célèbre qui vient de tuer sa poule aux œufs d'or qui a pour nom Misery, héroïne d'une longue série de romans à l'eau de rose. Mais ce livre est aussi le pire cauchemar de tout écrivain. Mettons de côté la douleur physique, car elle peut toucher chacun d'entre nous et intéressons-nous à la douleur psychologique qui ferait frémir n'importe quel auteur qui aime un tant soi peu son travail.
Dans le monde littéraire, la mort d'un héros connu est une grande tragédie pour les lecteurs, mais aussi un grand soulagement pour son créateur. Conan Doyle donna la mort à Sherlock Holmes, Agatha Christie fit tomber le rideau sur la carrière d'un Hercule Poirot qu'elle ne supportait plus. On peut imaginer que ça n'est que la partie visible de l'iceberg.
Ici donc, Paul Sheldon, qui pensait être débarrassé de son héroïne se voit contraint de lui rendre la vie alors qu'il est sur le point de perdre la sienne à tout moment. Et la torture ne s'arrête pas là, elle lui fait même brûler le manuscrit de son tout dernier roman, celui qui n'a aucune copie de secours et qui lui tenait beaucoup à cœur. Si ça ça ne ferait pas se dresser tous les poils d'un auteur.
Pour la petite anecdote, l'une des sources d'inspiration de l'auteur pour écrire ce livre fut la réaction d'une grande majorité de ses lecteurs face à son roman 'Les Yeux du Dragon', qui se sont plaint du manque d'horreur. Stephen King s'est alors senti enchainé à ce genre littéraire, et aujourd'hui encore il a la réputation tenace qu'il n'écrit que de ce genre là.
Au fil du roman, Paul Sheldon est sans cesse harcelé par sa lectrice #1 pour qu'il continue les aventures de Misery. Elle ne reculera devant rien, de la torture physique (un pied et un pouce en moins au passage) à la torture morale (voir plus haut) et le lecteur, le vrai (nous) souffrira avec lui.
Le roman en soi n'est pas vraiment long, mais Stephen King parvient à nous faire ressentir la longue attente douloureuse que subit l'auteur prisonnier. Un thriller haletant parsemé de nombreux passages au suspense haletant (comme les nombreuses sorties de Paul Sheldon de sa chambre) ou à la violence insoutenable et extrêmement bien décrite. Pas besoin de voir Saw et compagnie quand Annie Wilkes fait très bien ce boulot à elle toute seule. Une fin somme toute assez inattendue, quand tout au long du roman on est petit à petit habitué à l'idée qu'il ne ressortira pas vivant de ce calvaire.
Un livre de Stephen King qui mérite amplement son appellation de Classique et toutes les louanges qu'on peut lui donner. A lire absolument.