Miso Soup
7.2
Miso Soup

livre de Ryû Murakami (1997)

Kenji est un jeune japonais de vingt ans, au lieu d'aller à l'école préparatoire comme il le prétend devant sa mère, il est devenu guide pour les "gaijin" (étranger) en quêtes de sensations en voyage au Japon. Lui-même est plutôt rangé, il est même en couple avec une lycéenne du nom de Jun. Juste avant le réveillon, un client venu des états-unis demande ses services pour trois nuits. Il lui dit se nommer Franck. Dès le début Kenji ressent de la méfiance à l'égard de l'homme, sa peau est lisse, comme si il portait un masque de silicone, et ses récits sur New-York ou sur son enfance ne coïncident pas les uns avec les autres. De plus, des meurtres particulièrement atroces sont commis dans le même temps, le jeune japonais soupçonne son hôte. Ce dernier se met dans des drôles d'états pour des évènements insignifiants, le premier soir, Kenji le teste, ne croyant pas qu'il ait joué au baseball étant petit, il l'emmène s'entraîner dans une cage contre un automate. Aussitôt les premières balles lancées, il tombe dans un état de prostration jusqu'à se laisser frapper de plein fouet par elles. Il ne semble pas non plus ressentir le froid. Kenji est de plus en plus inquiet. Franck, pour le tranquilliser, lui explique qu'il a subi une ablation d'une partie du cerveau pendant son adolescence, et que cela explique ses troubles de l'humeur et sa tolérance aux basses températures. Kenji qui pensait avoir tout vu pendant son expérience de guide dans les bas fonds de Tôkyô, va vivre une toute nouvelle expérience aux côtés de Franck, il va découvrir les tréfonds les plus obscurs de l'âme humaine.
Je m'attendais avec Ryû Murakami à un amalgame japonais de Palahniuck ou d'Ellis, de la provoc' facile et pas chère pour pas dire gratuite. Là dessus j'ai été plutôt agréablement surprise, le côté japonais aidant, l'auteur nous épargne pas mal, enfin si on le compare à ses confrères bien sûr. On trouve quand même un homme qui veut crever les yeux des petites filles à coup d'aiguille, une oreille enfoncée dans un vagin déjà occupé par un tampon hygiénique, et un inceste vampirique, ce qui est déjà beaucoup. Le roman se lit très rapidement le style est fluide, on rentre facilement dans l'histoire. On a même quelques détails intéressants sur la vie contemporaine japonaise, sur les lycéennes qui se prostituent par exemple, mais aussi sur les traditions, comme les 108 coups de cloche le jour de la saint sylvestre. L'intrigue quant à elle est cousue de fil blanc, au premier meurtre on se doute de l'identité de l'assassin, mais ce n'est pas ce qui dessert le plus le livre. Murakami,contrairement à son homonyme Haruki, essaye de s'engager, il veut dénoncer l'étendue du matérialisme au Japon, la vacuité des esprits, etc... Il fait mouche sur certains points comme quand il s'agit de le mélange de peur et de fascination qu'ont les nippons vis-à-vis des étrangers, qu'il associe au fait qu'ils n'aient jamais été envahis pendant aucune guerre. Le reste de son propos se résume surtout à une longue accumulations de clichés et de banalités bonnes pour des ados en quête de rébellion en soldes. Du côté du tueur on a de la lobotomie, des hôpitaux psychiatriques, et même notre cher syndrome de Stockolm, dernière star de tout bon polar qui se respecte. Côté idéologie, c'est encore plus pauvre et déjà-vu, critique de la société de consommation, des adultes qui ne comprennent rien, petit discours sur la souffrance et l'hypersensibilité adolescente. Bref un bouillon insipide qui m'a laissé sur ma faim, malgré un incipit prometteur.
Diothyme
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le 29 mai 2011

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