Daeninckx a découvert la figure héroïque de Missak Manoukian grâce à la chanson de Léo Ferré.
Longtemps après, toujours hanté par ce résistant apatride, il décide de le faire ressortir de l'Histoire comme, dit-il, la Seine est sortie de son lit en 1955, date où le Parti Communiste inaugure une rue du nom de l'arménien au centre de l'Affiche Rouge.
Daeninckx va alors imaginer une enquête d'investigation. Il transforme ses lectures en entretiens divers menés par un journaliste fictif du journal L'Humanité, Louis Dragère, qui, entre deux séances de cinéma et des échanges avec son amie Odette part à la rencontre de Louis Aragon, Charles Aznavour, Henri Krasucki, Armène Assadourian (la soeur de Mélinée Manouchian), Charles Tillon (chef des FTP), etc.
Daeninckx a mis la main sur les lettres originales de Missak Manouchian adressées à Armène et Mélinée avant sa mort. Louis Dragère les aura donc aussi et s'interrogera tout le long de son enquête sur une phrase censurée dans les diffusions de la lettre, révélant que l'arrestation du groupe des FTP-MOI dont faisait parti Manouchian était le résultat d'une trahison.
La lettre adressée à Armène aborde également un sujet important : l'existence d'un certain Manoukian, avec un k, dont le parcours semble assez trouble.
Louis Dragère se retrouve donc enlisé dans une enquête soulevant des problématiques énormes pour l'époque et tiraillé entre son confort politique et les révélations perturbantes qu'on lui fait tout au long du mois de janvier 1955.
Daeninckx maîtrise le roman historique, le rythme est soutenu et les sources rigoureuses. Il alterne les complots politiques, les références musicales, poétiques, cinématographiques et les moments de vie avec brio.