" J'ai vengé l'Univers autant que je l'ai pu. Ma mort dans ce projet m'a seule interrompu. "
Une tragédie racinienne fortement délectable, parmi les meilleures. Le style est aussi beau que clair, même si certaines tirades des personnages principaux s'étalent facilement en longueur. Racine prouvait pourtant que, avec Andromaque, plus ses répliques étaient courtes, plus il excellait. Cependant, plus on avance vers la fin, plus les vers sont beaux.
Racine est surtout homme de spectacle, parce qu'il cultive un suspens, et des rebondissements impressionnants. On a quand même deux annonces de fausses morts dans la pièce, et leurs annonces en face de Monime, l'amante dépitée, ont quelque chose de comique ; tout ça pour une seule mort réelle, après laquelle cependant, le dénouement sera trop vite expédié. Une légende dit d'ailleurs que Racine y emprunte quelques stratagèmes à Molière, notamment Mithridate qui prêche le faux pour savoir le vrai à l'instar d'Harpagon.
Le sort de se dernier est même ironiquement tragique ; accoutumé contre tous les poisons physiques, c'est justement le premier moyen qu'il choisira pour se suicider. Ce cher Môôônsieur Racine a, il y a quatre siècles, fourni le meilleur argument pour tordre une fois pour toute le coup à " le francé c chian lol ils ékrive pa avek dé frases normal ", et donne même envie de lire une tragédie en faisant abstraction totale des cours, de la barrière de la langue, voire du contexte. Mais j'en reparlerai quand j'aurai lu la thèse et les innombrables articles de mon prof d'Histoire et analyse sur la modernité spectaculaire de Racine et ses contemporains.