Etre la plus belle, est-ce juste faire en sorte que personne ne soit plus belle que sois ?
Ça, c'est la raison pour laquelle les Monsieur Madame sont probablement mieux que les drôles de petites bêtes : ils ont un minimum de morale. Le pitch est simple : Mme beauté est la plus belle - une princesse arrive - Mme beauté n'est plus la plus belle - Mme beauté monte un plan machiavélique pour qu'il arrive des malheurs à la princesse - Mme beauté est de nouveau la plus belle. Bon certes jusque là, il n'y a pas vraiment de morale. Mais tu sais que tu vas la trouver en tournant la dernière page. Surtout quand tu lis sur l'avant dernière " En revanche, continua le miroir...", après qu'il lui ait annoncé qu'elle était de nouveau la plus belle. Et le meilleur, c'est que tu t'attends à lire quelque chose comme "Mme Beauté est aussi la plus méchante", ou quelque chose dans ce genre, qui sous-entendrait qu'elle n'est certainement pas la plus belle intérieurement. Mais non, le livre arrive encore à te surprendre, et à apporter une morale plus recherchée, le miroir répondant "j'ai entendu dire qu'une reine allait bientôt aménager ici". Et oui, comme quoi la quête d'être toujours la plus belle (ou la plus quoi que ce soit) est vaine et sans fin. C'est le genre de livre capable de te faire réaliser (si tu prends le temps de réfléchir à l'histoire et si tu n'as jamais réalisé ça avant, d'ailleurs je me demande lequel des deux est le plus improbable) que c'est vraiment stupide de vouloir être "le plus", de s'évaluer par rapport aux autres. C'est vrai quoi, objectivement, l'arrivée de la princesse ne change rien à sa beauté. Elle est exactement pareil qu'avant et pourtant d'un coup elle n'est plus satisfaite de cet état qui lui convenait pourtant l'instant précédent. Par contre, je ne peux pas m'empêcher de regretter le fait qu'il ne soit nulle part évoqué le caractère répréhensible de ses actes, mais je suppose que ça a du être considéré comme évident. En revanche, je n'ai pas envie de détester Mme Beauté, je préfère lui trouver des excuses. Oui, parce que deux petits phrases ont attiré mon attention, lui offrant en quelque sorte des circonstances atténuantes. Première phrase : " Et comment savait-elle qu'elle était la plus belle ? Grâce à son miroir magique". Oui, c'est mignon comme tout : elle manque de confiance en elle, elle a besoin de se rassurer, elle cherche juste des repères. Deuxième phrase : " vivre à côté d'une princesse va me rendre encore plus belle", ou sa réaction initiale, qui semble plutôt seine, sur un modèle "se réjouir des qualités des autres au lieu d'en prendre ombrage". Ensuite le miroir lui dit qu'elle n'est plus la plus belle et là elle change radicalement de point de vue. Ces deux phrases m’amenant donc à la conclusion suivante : tout est de la faute du miroir magique. Troisième circonstance atténuante : Elle s'appelle Mme Beauté. Donc sa beauté, c'est son identité quelque part. Si elle n'est plus la plus belle, elle n'est plus rien. Ça semble vraiment stupide, mais ça ne l'est pas tant que ça si on considère que toutes ces réflexions s'appliquent aussi à d'autres qualités. Dernière remarque : Je ne sais pas exactement pourquoi c'est ce livre là qui a été choisi pour moi, mais peut être que je devrais me sentir vexée.