Marguerite Duras, ça passe ou ça casse !
Je retrouve ce Moderato Cantabile sur un rayonnage de bibliothèque. La poussière que ce roman dégage est-elle l’effet du temps ou est-ce le livre, le style d’écriture de cette écrivaine qui l’attire et provoque des réactions allergiques chez le lecteur que je suis devenu ?

Incontestablement Marguerite Duras crée des ambiances, des situations assez basiques qui reflètent son époque (en termes de productions littéraires, Moderato cantabile ne date pas d’hier, mais d’avant-hier au moins !) Mais elle y laisse fermenter des répétitions qui s’installent, redisent, revivent des situations toujours à peu près les mêmes, jamais tout à fait pareilles. C’est - ou c’était lors de ma première lecture - une des forces de cette plume, la puissance d’évocation… Mais aujourd’hui, je n’accroche plus. Les éléments du récit, je ne les accepte plus pour ce qu’ils sont, voire pour ce qu’ils veulent évoquer. Cette vision du monde, de l’éducation, des liens sociaux m’indispose, j’ai envie de la rejeter, de la combattre.
Curieusement, par sa manière de créer des ambiances, des îlots de rationalité, de manière de vivre, l’écriture sociale de Marguerite Duras me fait penser à celle de Simenon. Comme lui, elle plante un décor, positionne quelques personnages et semble laisser l’âme humaine se dépatouiller avec les pensées sombres du quotidien, alors que, bien évidemment, tout est construit avec rigueur, ne laissant pas de place au hasard. Mais, chez Duras, j’ai l’impression, quand je la relis aujourd’hui, que l’histoire n’y croit plus elle-même. Le récit stagne, s’enlise dans une expression qui n’est plus en adéquation avec notre époque, notre tempo de vie.

Je peux illustrer ce que je dis par l’exemplarité répétitive de ces leçons de piano ‘qu’on fait donner’ à l’enfant’ sans même s’inquiéter de savoir si cela donne envie à l’enfant de ‘faire de la musique’ ! Une pédagogie qui s’impatiente de la non compréhension par l’enfant d’une notation stylistique telle ‘Moderato cantabile’… alors que « On le lui a déjà dit, pourtant ! » … Et l’enfant restera sans réponse, sans apprentissage, sans envie !


Un peu comme moi en reposant, pour la dernière fois, je pense, ce livre sur un rayonnage d’où, tôt ou tard, il tombera dans l’oubli.

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le 9 déc. 2018

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