Vertiges de l'ennui désabusé.
Disparaitre ici.
Moins que zéro, c'est l'histoire du jeune Clay, qui rentre à Los Angeles après 4 mois passés dans le New Hampshire. Clay revient à sa vie, vie de riche blasé adolescent ; dont tout l'univers tourne autour du paraitre, des films en vogues, des endroits en vogues, de la drogue et des partys de ses potes.
Après testé Glamorama, où, si l'écriture me fascinait, le personnage me répulsait tant qu'il m'était impossible de continuer, Moins que zéro est une véritable claque.
Ellis nous amène tranquillement à découvrir ce personnage, qui ne livre rien de ce qu'il ressent, ou si peu ; ce qui est bien normal puisque, justement, il ne ressent pas, ou si peu. Ainsi, le style d'écriture, narrateur interne, se contente presque de descriptions des journées de Clay, les unes après les autres, sans qu'on entre dans sa psychée par des confessions de quelques sortes que ce soit.
Et pourtant, oh magie, les descriptions et le peu d'indices donnés sur les agissements du personnages suffisent à permettre au lecteur d'apprivoiser Clay, son ennui, son cynisme, sa tristesse, son détachement.
SPOIL /
Clay est ici le symbole d'une jeunesse entière à la dérive, celle des riches blasés qui vont de plus en plus loin, pour ressentir quelque chose.
Le livre s'engouffre progressivement dans des horreurs, justifiées par l'absence de sentiment de réalité de personnages cockés, bourrés, blasés, dépressifs et indistinguables les uns des autres tant ils s'influencent. Si Clay ne sombre pas dans ces barbaries, ces actes ne lui provoquent pas non plus de réactions affectives aussi fortes qu'elles l'auraient dû.
Et le coyote domine ; il domine la torture de la pré-adolescente, il domine l'horreur de la situation de Julian. Il est la clé, le surgissement de la mort dans l'ennui, il est la vie en parallèle à la mort.
Finalement, le roman termine néanmoins sur Clay qui quitte la ville, et l'espoir qu'il trouve enfin de nouveaux repères, parce que malgré son errance sans but, on finit par s'attacher à Clay, et aux quelques sursauts d'humanités qui lui reste en quittant Los Angeles.