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Moins que zéro ou pourrait-on dire autrement, ce qui peut être pire que rien...
Oui, mais pourquoi? Tout simplement parce-que les personnages du premier roman d'Ellis flottent entre deux eaux, pas tout à fait vivants, pas tout à faits morts. Récit de plusieurs errances qui se croisent sans en ressentir réellement l'envie, errances de personnes totalement dénuées de sentiments ou presque, Los Angeles, sorte de paradis du clonage où tout le monde est blond, élancé et bronzé, et où le degré ultime de superficialité a largement été dépassé et laisse à présent place à l'indifférence la plus complète. Indifférence qui trouve également se place au sein même de la famille, et pire, qui semble se transmettre de génération en génération. La famille du point du vue d'Ellis, ou du moins, telle qu'il nous la décrit, n'est qu'un assemblage de personnes résidant au même endroit et à qui il ne reste plus que les liens du sang (et de l'argent) pour subsister.

On se retrouve donc plongé dans un univers sans âme que l'on découvre au travers de Clay, « héros » de l'histoire, qui revient de son année universitaire et nous fait vivre un été...où il ne se passe rien. Univers où le seul moyen de supporter de vivre est l'utilisation quotidienne de calmants, drogues et alcool, où le seul moyen de se sentir vivant est d'absorber la violente ambiante du sexe brutal et des situations sordides.

Un seul ovni apparaît au milieu des spectres, le mystérieux Julian, personnage à part, qui, en ne rentrant pas dans le moule, va susciter (sincèrement ou non), un semblant d'intérêt chez Clay, et va laisser planer un vague sentiment d'inquiétude (réel ou simulé)quant à son sort tout au long du roman. Julian endosse ainsi le rôle de celui qui permet à Clay et à nous, lecteurs, de ne pas se laisser glisser vers la torpeur et la lassitude dégagées par les protagonistes, et devient en quelque sorte un lien avec le monde réel.

Avec Moins que zéro, Bret Easton Ellis signe un premier roman à l'image du désert de Palm Springs, aride et suffocant et livre sa vision vertigineuse du néant en passant le rêve américain au vitriol.
Venus
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le 20 oct. 2010

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