Un récit sobre, sans aucun pathos, d'autant plus touchant.
Surprise plutôt désagréable au départ, avec la construction : une alternance de chapitres consacrés au frère avec le texte de Melville, Bartleby. L'évocation du frère disparu est sans cesse interrompue par ce second texte qui nous est en quelque sorte imposé.
Puis l'agacement disparaît ; ce dispositif permet à l'auteur de transmettre au lecteur son expérience de mise en scène du texte de Melville ( création née d'une discussion avec son frère), et cela s'avère très intéressant. On accepte alors de relire - ou de lire - Bartelby, alors qu'on n'avait pas ouvert le livre pour lui. Et on se prend à s'en féliciter. On suit alors ces deux fils :l'histoire d'un spectacle, et la découverte du rôle et de l'importance de Bernard pour Daniel.
On peut comprendre qu'en bon pédagogue, Daniel Pennac donne au lecteur le texte de la mise en scène qu'il commente, mais pas seulement. Ce dispositif forme diptyque, et nous amène à entendre différents échos d'un texte à l'autre.
Un écrivain en convoque un autre pour retrouver et préserver sa relation avec son frère au-delà de la mort. Et ce qui est beau, c'est que ce lien s'établit et se rétablit grâce aux œuvres littéraires, lues, jouées ou écrites.