Surprise agréable: je connais très bien le roman, et ne suis pas prête à apprécier facilement une adaptation de plus. Or, celle-ci présente de belles qualités.
La première est l'esthétisme : La photographie est splendide, les plans ressemblent souvent à des tableaux. La grande lectrice de Flaubert apprécie également beaucoup les équivalents visuels trouvés par la réalisatrice pour les états d'âme d'Emma, comme ce gros plan sur une toile d'araignée qui rappelle l'analyse du narrateur : "l'ennui, araignée silencieuse, filait sa toile dans l'ombre à tous les coins de son coeur".
La seconde est la performance de l'actrice principale. celle-ci exprime tout en subtilité (un froncement de sourcil, un léger fléchissement des épaules, un petit mouvement des lèvres) les contrariétés et autres frustrations ressenties au début de sa vie maritale, et qui en suite vont s'exacerber jusqu'à la folie.
Sophie Barthes a choisi de privilégier le tragique du destin de l'héroïne. Et même si ce choix l'amène à renoncer au comique bien présent dans l’œuvre de Flaubert, il permet de donner beaucoup de force à son propos. D'autres procédés vont dans ce sens, comme l'élimination d'un des villages du roman et de plusieurs personnages.
A mon avis, une fine lecture du roman de Flaubert.