Un film très soigné esthétiquement, léché de brume consciencieusement, afin de ternir juste ce qu'il faut l'éclat des costumes somptueux, de leur donner ce poudré qui semble avoir transporté l'ensemble outre Manche, arrachant action, lieux et personnages à leur native Normandie.
Hormis un écart final infondé, l'adaptation s'efforce de suivre l'œuvre, mais tout est devenu si joli que la progression de l'intrigue en perd parfois son nord : Charles est si consommable que l'on ne peut comprendre le dégoût et les écarts de son épouse ; les extases d'Emma sont si sages qu'elles oublient la soif d'infini qui est censée propulser l'héroïne vers l'épiderme masculin ; il faut reconnaître, en revanche, que la beauté des plans qui nous transportent en forêt restituent de manière intéressante le caractère sacré de cet espace sauvage, nef protectrice et dorée qui recueille la pécheresse, alors que le curé du lieu l'a invitée, en termes aussi feutrés que glaçants, à quitter l'espace consacré de l'église.
Mais les séductions de la forêt sont à l'origine de l'erreur interprétative la plus nettement catactérisée puisque, sa fin venue, Mme Bovary s'allonge sur un lit de feuilles, alors que Flaubert la faisait s'éteindre dans l'espace clos de sa chambre, pauvre souris recroquevillée et vomissante, prise dans la nasse des conventions et victime d'un carcan qui n'autorisait pas la vie.