Après avoir vu et adoré l'adaptation de Tavernier je décide de lire la courte Nouvelle dont était tiré le film. Et franchement Tavernier a fait un travail admirable tant l'adaptation est fidèle, mais surtout il a réussi à compléter le texte de départ afin de l'étoffer, de prolonger ses thématiques, etc.
Alors j'ai une préférence pour le film, mais ça ne veut pas dire que le livre est en reste. En effet Bost a le goût des belles phrases, Tavernier ne se prive pas de le citer directement dans le film. Avec ses phrases il arrive à faire ressentir au lecteur les sentiments, les émotions des personnages, ces personnages pris dans le tourbillon de la vie...
Il donne une image très précise des personnages, de leur état d'esprit, avec une grande finesse, je dirais même avec une certaine tendresse. Ils n'ont beau n'être que des personnages ordinaires, que des gens normaux, avec leurs défauts, Bost arrive à les décrire, à écrire leurs pensées de manière à ce que le lecteur ne puisse que se reconnaître, ou du moins reconnaître les personnages, les situations... Ce qui rend le livre sur ce vieux monsieur qui va bientôt mourir d'autant plus triste... Tout se passe très vite, la famille vient lui rendre visite et elle repart comme elle est venue et lui doit attendre une semaine avant qu'on revienne le voir...
Je trouve ça vraiment beau de voir ce vieil homme tenter de capter quelques instants dans la vie de ses enfants et puis ensuite attendre d'en avoir à nouveau l'occasion. Forcément ça me rappelle mes grands-parents qui n'attendaient que la venue, toujours trop courte, de leurs enfants et petits-enfants.
Dans le livre on retrouve une certaine forme d'ingratitude propre aux enfants pour leurs parents... les enfants pensent que la prochaine fois il faudra prendre plus de temps, s'intéresser plus à leurs parents... Mais du temps il n'en reste plus beaucoup car Monsieur Ladmiral va bientôt mourir...
Bref, c'est une nouvelle d'une grande précision sentimentale et d'une justesse émotionnelle rare. Il reste néanmoins que je n'ai jamais pu me défaire de la mise en image par Tavernier... Mais quel hommage pour celui qui aura été son scénariste !