Retour de lecture sur "Monsieur Malaussène" , roman policier de Daniel Pennac publié en 1995. Il s’agit du quatrième tome de la saga Malaussène qui en compte sept. J’avais lu deux précédents tomes il y a très longtemps, j’avais beaucoup aimé et retenu que c'était une lecture très originale, distrayante et très bien écrite. Pour ce nouvel épisode j’ai eu un peu de mal à m'acclimater à nouveau à l’univers de cette tribu Malaussène et de ses personnages loufoques, la présentation des personnages historiques étant limitée au minimum. Même si globalement Pennac a fait en sorte que ce livre soit compréhensible sans avoir lu les épisodes précédents, il est à éviter par ceux qui ne connaissent pas encore cette tribu. En tout cas, ce n'est clairement pas le roman avec lequel il faut commencer cette saga. La famille Malaussène, pour ceux qui ne la connaissent pas, est composée de la mère et de ses sept enfants, tous d’un père différent, et vit dans une ancienne quincaillerie à Belleville. Dans cet épisode, qu’il est presque impossible de résumer, Benjamin, le fils aîné de la famille, dont le métier est bouc émissaire, attend un enfant, son amie Julie étant enceinte. Celle-ci hérite grâce à son père spirituel, d’une collection de films qui devra servir à sauver un cinéma de quartier au bord de la démolition, le Zèbre, mais elle hérite surtout d’un film très particulier et unique qui suscite énormément d’envies dans le monde du cinéma. Le couple sort pour une fois de Belleville et se déplace alors dans le Vercors récupérer tout cela. Ils tombent dans un piège et sont accusés de plusieurs meurtres. Parallèlement à cette histoire de films et à son attente angoissée d’un enfant, Benjamin est également impliqué dans une affaire criminelle, l’assassinat en série de prostituées qui ont en commun d’avoir l’épiderme tatoué de tableaux de maîtres. Comme à son habitude Pennac nous emmène dans une histoire complètement folle et rocambolesque, entourés de personnages totalement déjantés et hauts en couleur. En plus de toute la famille Malaussène, apparaissent également dans cet épisode: Gervaise, une religieuse, enceinte, inspectrice de police qui s’occupe de prostituées repenties, Cissou la neige, qui a troqué son ancien bar pour de la drogue et qui est maintenant serrurier pour un huissier, Suzanne, qui s'occupe du cinéma le Zèbre, Barnabooth un artiste escamoteur qui efface tout, et bien d’autres. Certains personnages existent déjà dans des épisodes précédents comme Sinclair l’ancien patron de Benjamin, Lehman son ex-collègue, et la reine Zabo sa nouvelle patronne. On retrouve donc ici les ingrédients habituels de cette série, c'est drôle, tendre, loufoque et le récit a beaucoup de rythme. On ne s'ennuie pas un instant. J’avais trouvé les romans précédents de Pennac très divertissants car relativement courts. Ce qui surprend avec celui-ci, c’est qu’il est beaucoup plus long et approche des 600 pages. Alors que le format précédent était parfait, on a ici l'impression que Pennac s'est un peu pris les pieds dans le tapis avec une histoire bien trop compliquée. Le fait qu'il soit plus long lui donne un côté plus sérieux, l'écriture est toujours aussi agréable, cela reste amusant, mais c’est trop chargé, confus, on a vraiment du mal à suivre toutes ces histoires qui s’entremêlent. On a dans ce roman une overdose de Pennac, un peu trop de tout et on finit par s'en lasser. Il y a beaucoup trop de personnages, certains apparaissent comme un cheveu sur la soupe. Dans tout ce foisonnement, on a du mal à s'attacher à ceux qui portent vraiment ce récit. Il y a aussi beaucoup de références qu’on ne saisit pas forcément si on n'a pas les épisodes précédents en tête, ce qui est un peu désagréable. C'est donc un livre qui reste de grande qualité, mais qui est à conseiller surtout aux fans de la saga qui la lisent dans l’ordre et qui ont lu et apprécié les épisodes précédents. Une lecture à aborder en étant également conscient que ce n'est pas forcément le meilleur de la série.
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"D'où ça te vient, cette religion de l'amour, Benjamin? Où est-ce que tu l'as chopée, cette vérole rose? Petits cœurs qui puent la fleur, Ce que tu appelles l'amour.. au mieux, des appétits. Au pis, des habitudes. Dans tous les cas, une mise en scène. De l'imposture de la séduction jusqu'aux mensonges de la rupture, en passant par les regrets inexprimés et les remords inavouables, rien que des rôles de composition. De la trouille, des combines, des recettes, voilà la belle amour... Cette sale cuisine pour oublier ce qu'on est; Et remettre la table tous les jours; Tu nous emmerdes, Benjamin Malaussène, avec l'amour; Change tes yeux; Ouvre la fenêtre; offre-toi une télé; lis le journal; Apprends la statistique; Entre en politique; Travaille; Et tu nous en reparleras de la belle amour......"