Lorsque j’étais encore assis sur les bancs de l’école secondaire, j’ai eu la chance d’avoir comme professeur de français une dame assez atypique : âgée, la voix rauque d’avoir fumé comme une sapeuse durant des décennies et régulièrement vêtue d’une longue veste en cuir lui donnant des airs de Trinity, elle nous a un jour déclaré avoir choisi ce métier pour donner ses cours comme elle aurait aimé les recevoir. J’avais trouvé ça cool, et je me souviens encore de certains de ses conseils. Je ne sais pas s’il faut y voir un lien, mais c’est elle qui m’a fait découvrir Thomas Gunzig.

On ne sait pas trop où se déroule l’intrigue de Mort d’un parfait bilingue. Dans un pays en guerre, assurément, où les médias ont fait des combats un show télévisé permanent et un business d’enfer. Le narrateur, anonyme et condamné à l’immobilité sur un lit d’hôpital, tente de reconstruire mentalement les événements qui l’ont mis dans cette situation. Entre deux flashbacks, dans lesquels il est question d’éliminer une chanteuse célèbre au milieu d’une guerre propice aux placements de produits, il nous donne également des nouvelles de son quotidien de convalescent. Cette construction somme toute classique contribue efficacement au rythme d’un récit baigné dans une ambiance poussiéreuse. Pas la poussière des vieux meubles, plutôt celle des villes fraichement bombardées et des vies en morceaux. On ne baigne donc pas dans l’optimise le plus débordant. Par moments, l’atmosphère se détend, mais reste emprunte d’une certaine bizarrerie, tandis que le contraste entre le ton détaché du narrateur et la sombre nature des événements décrits est des plus dérangeants.

Pour tout dire, j’ai du mal à conclure. Comme si ce bouquin m’avait laissé un peu vide. Se repose donc à moi la question de savoir si la critique a un sens. Ai-je vraiment envie de conseiller ce livre à qui que ce soit ? Oui, je pense. Ai-je trouvé ce bouquin bon ? Oui, aussi. Il recèle suffisamment de surprises et de caractère que pour valoir la peine d’être lu. Punt aan de lijn.
Nonivuniconnu
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le 21 août 2013

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