C'est avec une énorme impatience que l'on attendait "La Mort de Bunny Munro". Enfin du moins ceux qui, fans de Nick Cave devant l'éternel, s'étaient pris une claque monumentale avec "Et l'Âne Vit l'Ange", réalisant ainsi que la plume dévastatrice de l'Australien ne s'en tenait pas qu'à des paroles de chansons.
Et pourtant on se retrouve vite aux antipodes du sus-cité premier roman. Là où l'on s'était épanché sur une écriture riche et alambiquée, on se confronte à une écriture simple et directe. Crue. Sale. Pour faire simple, et "L'Ane Vit L'Ange" c'est le "Tender Prey" de Nick Cave, et "Bunny Munro", c'est le side-project Grinderman. Adieu le Nick Cave poète qui se larmoie derrière son piano en proférant des histoires de meurtres et de religion, bonjour le Nick Cave crevard et survolté qui veut de la chatte. Et de la chatte on en a, environ toutes les deux lignes. De la chatte people même. Que ceux qui sont fans d'Avril Lavigne et Kylie Minogue se détournent de ce livre, ils risqueraient d'être outrés par le glamour de leurs idoles qui vole en éclat. Et c'est tellement JOUISSIF. En fait Nick Cave est toujours un poète, bien entendu. Le poète du quotidien, des histoires banales (qui finalement ne le sont pas), le poète qui réussit à nous embrouiller dans l'espace-temps (le livre est censé se dérouler en Angleterre, moi je n'y ai vu que du tréfonds poussiéreux américain - mais je dois être conditionnée par les ambiances habituelles de Monsieur Cave), le poète qui fait paraître le plus abject des connards comme un homme attachant. Bunny Munro, obsédé (ceci est un euphémisme), alcoolique, sans coeur, qui emmène son fils sur les routes après la mort de sa femme, à la découverte des joies de la vente au porte à porte, d'hôtels miteux en aventures sordides, de situations comico-tragiques en histoires de familles douloureuses. Et si Bunny Jr voit son père comme un héros, on s'y laisserait presque prendre aussi. J'ai bien dit presque. Bunny est un personnage détestable, et pourtant. On a beau savoir dès le titre que ce Monsieur Lapin va mourir, et pourtant. Nick Cave réussi le tour de force de nous tirer une larme là où on devrait refermer le livre avec une satisfaction morbide.
Un grand grand livre, un grand grand écrivain. A lire d'urgence.
AvalynAraki
9
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le 1 oct. 2010

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AvalynAraki

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