On m'avait dit qu'en dehors de ses œuvres les plus connues, les romans d'Agatha Christie s'inscrivaient dans quelque chose de plus classique et n'avaient pas de twist incroyable. C'est effectivement le cas pour Mort sur le Nil. Cependant, le livre m'a surpris par sa construction.
Qu'on s'entende bien, au niveau de l'enquête cela reste dans la même veine que ce qu'a fait l'auteur auparavant. Mais la fameuse mort du titre arrive tard, au milieu du livre pour être précis. La première moitié met donc en place une attente, l'attente qu'un drame survienne. Et Christie en profite pour se jouer une fois de plus du lecteur : une mort, d'accord, mais celle de qui ?
Si vous êtes du genre à vouloir entrer directement au cœur du sujet, sachez que Poirot n'attend pas un crime pour mettre son nez dans les affaires des autres. En effet, Mort sur le Nil met en scène des personnages au passé lourd, plus encore que dans les autres ouvrages que j'ai pu lire (Dix Petits Nègres et Le Meurtre de Roger Ackroyd). Embourbés dans des relations conflictuelles plus ou moins directes, les protagonistes se livrent dans la première partie à une guerre silencieuse, qui se révèle palpitante.
Cette dernière comporte quelques éléments déjà vus, ce que je trouve tout à fait admissible dans un policier se passant au début du XXème siècle, mais l'écrivain a quand même voulu se dédouaner un peu avec des petites phrases du genre "On ne voit ça que dans les romans". C'est rigolo une ou deux fois mais cela devient rapidement lourd. Le récit est suffisamment bien mené pour qu'on puisse passer outre. T'as pas besoin de te justifier, Agatha !
Mort sur le Nil est une histoire dense et rondement menée, qui prouve que l'auteur n'a plus grand chose à prouver.
PS : j'ai lu la "nouvelle traduction d'Élise Champon et Robert Nobret" publiée par Le Livre de Poche Jeunesse. Cette version présente des graves erreurs de traduction, des erreurs de mise en page et des phrases qui ne veulent rien dire. À fuir comme la peste.