C'est une drôle d'aventure d'ouvrir et de lire ce livre unique.
En effet le génocide des Tutsis au Rwanda en 1944 a été un tabou, et il l'est encore dans une grande mesure.
C'est donc une plongée dans l'horreur, mais aussi dans l'histoire, la vraie, construite sous forme d'un roman avec les parcours de plusieurs antagonistes de la tragédie.
Enfin, un roman, c'est ce qu'on pense commencer, mais ce n'en est pas vraiment un, et c'est une petite frustration du lecteur : les personnages sont introduits dans l'histoire, et on pense les revoir, on s'attend à ce que surviennent des interactions entre eux, mais non : ils sont là pour présenter l'Histoire avec de petites histoires personnelles. Ce n'est pas grave en soit, car l'objectif est atteint, mais cela laisse sur sa faim selui qui attendait un traitement du sujet sous la forme romanesque annoncée.
Des errements et des tabous, il y en a eu à la pelle, que ce soit :
- au niveau local, avec un pouvoir hutu qui perd tout sens de ce que représente la vie humaine,
- mais aussi au niveau régional avec des pouvoirs africains qui ont regardé ailleurs,
- et enfin au niveau international avec un monde entirer qui s'est voilà la face, et qui, encore plus grave dans le cas de la France, a manipulé l'information sur les faits pour cacher sa propre turpitude.
Sur ce dernier point il faut absolument lire la postface de l'édition de 2011, dans laquelle l'auteur résume les manipulations de la "France-Afrique" élyséenne et même des intellectuels français (quelle horreur a pu écrire d'Ormesson !! c'est honteux).