"Myrian est peut-être allée trop loin..." est un roman intermédiaire québecois qui fait parti de ces romans à gros caractère très à la mode en ce moment. Je ne me doutais pas du sujet, malgré, je le constate après lecture, du fond de la couverture en glace et de du disque de hockey ( qu'on appelle souvent "puck" au Québec) sur la tranche. On traite donc de hockey sur glace, le sport national par excellence en Amérique du Nord, mais pas seulement. C'est aussi une histoire de famille.


Myrian ( avec un "n") espérait esquiver la séance de hockey ce jour-là, car elle se trouve malhabile à ce sport. Sa tentative d'évasion se solde par un échec et la voilà obligée à prendre part au sport avec sa classe. D'ailleurs, parmi celle-ci , un des élèves se moque déjà ouvertement d'elle. Mais monsieur Nicolas, qui passait par là, remarque quelque chose qui va complètement changer la donne. Il remet à Myrian un bâton pour gaucher. Difficile d'être adroite quand le matériel n'est pas conçu pour son bras dominant! Dès lors, Myrian fait preuve d'une remarquable adresse, si bien qu'en quelques récréations, elle bat même le meilleur joueur, Justin, dont le talent n'a d'égal que son énorme égo. Quand Myrian fait part de son envie de jouer dans une vraie ligue de hockey féminine, les parents de la jeune fille refusent, arguant que c'est un sport couteux et que ça lui passera sans doute. Néanmoins, Myrian a réellement envie de jouer. Elle décide même de former sa propre ligue à l'école. Cela dit, Myrian emploie souvent le mensonge pour parvenir à ses fins et cela risque de lui jouer des tours.


Myrian est un personnage intéressant. Déjà, elle a du mal à se faire appeler par son prénom, sans cesse ramené à "Myriam". Ayant un prénom dont la dernière lettre est sans cesse écorchée, je comprend parfaitement à quel point c'est agaçant. Nous n'avons qu'un seul prénom dans la vie, alors il importe d'être respectueux des autres par rapport à la façon de dire leur prénom. Ensuite, Myrian est dans une fratrie nombreuse et a parfois l'impression d'être injustement traitée par rapport aux autres. Un sentiment qui revient de manière récurrente ans les histoire de fratries en littérature jeunesse, spécialement chez les cadets. Myrian est également, selon ses termes, "plus pâle que les autres", en référence à sa couleur de peau. Son père étant noir et sa mère caucasienne, ses frère et soeurs ont donc des nuances de peau différentes. Enfin, elle a un côté un peu fantasque, qui se voit dans ses vêtements, mais surtout dans ses idées. En gros, Myrian se sent différente, mais pas au point de vouloir changer.


Dans les illustrations qui marquent l'histoire, on peut d'ailleurs avoir un visuel sur la plupart des personnages. Ils sont en crayon plomb dans ombrage, juste les contours et sans couleurs. Mais ils sont beaux et très propres. Les poses des personnages sont harmonieuses et j'aime les cheveux follement bouclés des membres de la fratrie de Myrian. Elle a d'ailleurs une jolie frimousse. La maniaque des détails que je suis remarque aussi que sur la couverture en couleur, elle a une capsule de boisson gazeuse au raison épinglé sur son chandail, la même que dans le film "La-haut" de Pixar et une petite broche en forme de bâton de hockey.


L'idée générale de ce roman, je pense, est de présenter un nouvel archétype de personnage féminin, le genre de jeune fille qui sort des conventions. Myrian est assurément pleine de ressources et a un côté entrepreneur qui me rappelle la série jeunesse "Pétronille Inc". Son seul gros défaut est sa propension a formuler des réalités mensongères. Un petit côté impulsif ici? En outre, Myrian n'aime pas perdre la face non plus, ce qui lui fait des choses qui ne sont pas toujours vraies. Aussi, Myrian se sent incomprise, que ce soit pas les adultes, ses parents ou même sa fratrie. Elle cherche a se faire prendre au sérieux et c'est un thème assez universel pour le lectorat intermédiaire, les lecteurs pourront sans doute s'y identifier . Dernier petit point: j'apprécie que Myrian soit une sportive sans tout le carcan stéréotypé autours, comme les vêtements de marque sportive, l'absence de créativité, l'hyperactivité ou pire, un côté "garçon manqué" qui me semble quasi chronique chez les personnages féminins sportives. Myrian est justement du genre créative et pétillante, sans rien enlever à son côté sportif et sans rien enlever à sa féminité. Ça fait plaisir à lire!


Heureusement, après avoir fait tout un tas de "bêtises" qui sont tout de même souvent des idées intéressantes, Myrian fini par verbaliser tout ça auprès de sa famille, quand ceux-ci apprennent qu'elle élabore une équipe scolaire de hockey et a fait le tour du voisinage pour dégoter l'équipement de hockey couteux et aux éléments nombreux. La famille ont vu son intérêt et non seulement sa grand soeur fini par être solidaire de son projet, ses parents finissent par accepter de l'inscrire dans une vraie ligue.


Myrian a également écrit une lettre à un personnage réel, madame Marie-Philippe Poulin, Attaquante québecoise de l'équipe de Hockey Féminin Olympique du Canada et quadruple médaillée Olympique ( Trois Or, une argent). Elle lui a écrit et celle-ci lui a répondu afin de l'inviter à un camp d'entrainement gratuit, ce qui nécessité l'aide de Rose, sa grande-soeur, qui monnayait ses messages par des tâches domestiques. Une idée sympathique, car Madame Poulin et les nombreuses joueuses de Hockey ont eu des parcours pas toujours simple, du fait d'être des femmes dans un système sportif nord-américain très macho. Mais c'est surtout l'occasion de parler de cette joueuse hors-pair, car en-dehors des jeux Olympiques, hélas, il n'y a toujours pas, à ce jour, de Ligue Professionnelle Nationale Féminine de Hockey.


C'est un roman divertissant, mais pas remarquable non plus. En même temps, avec son français québecois très typique de l'oral familier de la province et un niveau générale de français accessible, ça fera un bon roman pour les lecteurs occasionnels. Les gros caractère vont en ce sens également. La couverture est jolie. En outre, Myrian s'arrête sur chaque expression qu'elle emploie. Nous retrouverons le répertoire de ces expressions à la fin, avec l'explication quand à son origine. Personnellement, j'ai trouvé cela un brin agaçant parce que c'était répétitif comme formule et que cela coupait la fluidité du récit. Néanmoins, pour le lectorat visé, ça peut être intéressant.

À voir!

Pour un lectorat du second cycle primaire, 8-9 ans.

Shaynning

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