Faire beaucoup avec très peu.
N relate la marche d'un fils avec son père dans une forêt ensauvagée qui peu à peu les assimile, sans savoir si les silhouettes croisées au loin sont hostiles ou bienveillantes, et sans que nous ne sachions ni la raison ni le but de cette marche.
« La fatigue chaque jour entretenue a lavé la mémoire. Un matin, roulé en boule, je cherche un interrupteur sur une table de nuit, me réveille tout à fait et perds tout souvenir d'une chambre où j'aurais dormi un jour. La forêt a planté ses racines dans mon esprit, elle a recouvert les sédiments d'une vie plus ancienne. »
« Ma mémoire est comme la forêt, recouverte d'un épais voile de mousses et de lichens, bouffée par les fourmis, les termites, les vers, les larves, envahie de spores et de parasites. J'ai déjà traversé au moins un village avec papa, je ne sais plus où ni quand. »
"Souvent, je me demande à quoi ressemblerait la forêt si j'étais un loup ou un lapin ou une bête claquemurée et épouvantée dans son terrier. Quelles seraient les odeurs les sons les couleurs ? Le monde du renard n'est pas mon monde. C'est un univers parallèle sans rapport avec ce que je peux deviner. »
Un conte troublant, illustré par les belles photographies de Mikaël Lafontan.