La lande étincelle de désolation et les visages blêmes de colère
Les corps secoués du spasme de l'injustice
Vocifèrent et pleurent quand le tambour, au tempo du Soleil levant
Fait trembler les étoiles et dégomme l'amour de Dieu
Le vieil homme mange ses tartines en regardant l'hirondelle et
La mort des oiseaux ne lui fait pas plus de bruit dans les oreilles
Qu'une mélopée sourde ne gêne son regard sur les corps
Glacés par le froid d'une âme noire et blanche
Qui est elle la maudite avec son chapeau ridicule
Cette dame qui ouvre la porte du minuit des valises en bandoulières
Chargée comme un âne si doux qui ne sait où il va
Mais s'enfonce quand même dans l'inconnu de sa peine
Les hommes violents pétris de la fange triste du marais
Montés sur des chevaux d'infortune affligés mais galopant
Fouettent le vent en oubliant qu'ils ne tiendront jamais
Dans des mains qui semblent puissantes et victorieuses leur salut
Les hommes bons mangent de la poussière au banquet du fer
Ils aiment tellement se croire l'hôte de la piété
Irréelle, insaisissable elle leur échappe toujours
Préférant la colère du juste ils n'obtiendront que du sable
L'aveugle a beau jeu de contempler les mains dans les poches
Comme un lourd palefrenier debout sur une triste élévation
Le corbeau magnifique prenant son envol vers les tombeaux
A ciel ouvert qui offrent un festin au plus méchant de la création
Que reste-il du chagrin de la joie qui étreignait les cœurs
Au vol des cigognes se superpose la chanson douce de l'eau
L'air frais dans les branches qui tanguent après le son de l'oubli
Et tu berces en ton sein l'enfant qui n'est plus.