Il grillait du sel sur la plage.
Présenté comme un "conte philosophique", je vous propose une lecture alternative :
- Le premier chapitre, pour la mise en bouche, comprendre que l'on se situe dans une région isolée du Japon mais aussi de toute logique. Des pêcheurs à la ligne (ou à la main, selon les poissons), qui survivent tant qu'ils peuvent en attendant qu'un bateau s'échoue et leur livre sa cargaison, suivent ce mode de vie depuis des générations et imaginent que les générations futures en feront de même. Sans compter sur le fait qu'ils n'ont aucun médecin dans le village et que leur seul recours contre les épreuves est d'allumer une bougie sur l'autel des ancêtres.
- Et puis passez directement au dernier chapitre, où finalement, le pêcheur est pêché, mais bon on ne va pas tout raconter non plus.
Entre les deux : le héros, plus naïf que jamais, grille du sel, ramasse des baies, pêche des sardines, grille du sel, retourne en forêt... Rien, absolument rien d'autre. Le néant. Ah si parfois il croise une fille qu'il aime bien. Mais en trois ans que dure ce livre, il ne la croise que trois fois, sans jamais lui parler. C'est sûr que dans un village de 150 habitants on se sent un peu perdu comme dans une grande ville. Ah et une autre fois il mange du riz.
L'excuse du conte philosophique sert surtout à observer le temps qui passe, inlassablement, au fil des saisons et des croyances. Et finalement une fois la dernière page tournée, on se sent un peu comme ces pêcheurs, pris dans le piège d'une spirale infernale. Je comprends que l'idée de naufrage ne s'arrête pas aux malheureux navires mais s'étende aux villageois eux-même. Mais avec des ficelles aussi grosses et une trame tirée en longueur, parsemée de naïveté qui laisse pantois, je ne suis pas sûr d'être le bon public pour ce type d'ouvrage.