On ne va pas y aller par quatre chemins, ce n'est pas pour son style que ce roman est appréciable, mais parce que l'auteure s'amuse avec des automatismes d'écriture (des figures de style faciles à identifier et satisfaisantes même pour quelqu'un qui sortirait du collège), du name dropping en veux-tu en voilà et parce que comme les chapitres sont courts et les personnages relativement sympathiques, ça se dévore aisément.


Ce qui est quand même intéressant à noter pour moi c'est le traitement des différences entre classes sociales. On suit Gustave, fils d'ouvrier dyslexique (d'ailleurs ça met des plombes avant que les personnages eux-mêmes le comprennent), sa sœur intello qui veut justement sortir de sa condition sociale et sa mère aide-soignante qui fait ce qu'elle peut pour élever ses gamins au mieux, sachant qu'ils habitent dans une cité et que le père est peu présent dans le bouquin (je n'en dis pas plus le concernant pour ne pas faire de divulgâchis).


On pourra reprocher à ce roman son manque de noirceur. En effet on y évoque des thématiques bien réelles, mais on fait en sorte que ça mette du baume au cœur du lecteur, après l'avoir fait cogiter sur ces questions. Le comble, c'est que le lectorat de Valognes sera essentiellement des ouvriers ou gosses d'ouvriers, du coup ça me parait compliqué de donner un coup de pied dans la fourmilière sur ces sujets avec un tel traitement. On cite par exemple Martin Eden de Jack London, mais on n'en évoque jamais la fin tragique...


Mais si on fait fît de tout ça, que ces techniques de "ni vu ni connu je t'embrouille" pour émouvoir sont efficaces ! Le niveau de langue n'est pas très élevé mais ça correspond parfaitement aux personnages du romans qui ne roulent pas sur l'or, du coup c'est difficile de blâmer Valognes pour ça... En fait elle a réussi à capter une certaine idée de la réalité, une réalité qui comme je l'ai dit plus haut va généralement "bien se terminer" et c'est ce goût de réalité qui fait du bien. Parce que oui, dans la vraie vie les gens font leurs courses chez Lidl, et si ce n'est pas le cas ils achètent des produits de marques des distributeurs, oui dans la vraie vie on aime quand ABBA passe à la radio, on regarde Fort Boyard et oui dans la vraie vie énormément de parents font ce qu'ils peuvent pour que leurs enfants s'émancipent de la classe sociale dans laquelle ils les ont vu naître. Et si on peut légitimement avoir envie de sortir de cette réalité-là, puisque c'est ce que veut le personnage de Joséphine dans le livre, il ne faut pas fermer les yeux sur celle-ci. En y mettant un coup de projecteur, Aurélie Valognes ne fera sans doute pas d'étincelles, mais l'intention est louable.

GuillaumeL666
7
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le 18 oct. 2020

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Guillaume L.

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