Je ne me lasse pas
Ce n’est pas que je sois un fan absolu d’Harlan Coben mais c’est un rendez-vous que je ne boude pas. J’ai toujours plaisir à retrouver ses personnages récurrents tout autant qu’à en découvrir de...
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le 12 oct. 2019
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On connaît le principe : le petit con qui devient un gros con, puis l'âge aidant, un vieux con. Je n'avais pas lu un Coben depuis quelque temps, et j'ai été littéralement affligé par l'accumulation de conneries de vieux boomer qu'il écrit, sans aucune gène visible, dans son "best seller" "Run Away" (curieusement traduit en français par son exact contraire... non pas que ça ait la moindre importance !).
ça commence très fort par une accusation des réseaux sociaux qui prennent systématiquement la défense de ces salopards de drogués de SDFs crasseux et condamnent sans jugement un malheureux quadra blanc trop bien vêtu. Quelques pages plus loin, on a droit à une profession de foi encore plus saisissante : oui, Coben nous explique l'argent fait bien le bonheur ! Et que les gestionnaires de patrimoine financier sont les nouveaux médecins, les nouveaux prêtres de la société moderne. Et tout cela sans aucun second degré, mais asséné avec la conviction inébranlable de ceux qui "dominent le monde". Chaque chapitre offre son lot de condamnations sommaires de tout ce qui choque le boomer blanc et riche : la mauvaise éducation chez les jeunes, leur lâcheté, leur incapacité à faire face à la vie, l'omniprésence de l'informatique (indispensable au fonctionnement du polar contemporain, mais déléguée hors-champs aux sous-fifres, les protagonistes claironnant fièrement leur incompétence en la matière), l'arnaque des aliments bio, la veulerie des homos - ou des mecs qui portent un chignon - qu'il convient de frapper dans les couilles pour leur apprendre à se mêler de ce qui les regarde... on en passe et des meilleures. Il est donc difficile d'apprécier ce "simple polar" avec un goût permanent de vomi au fond de la gorge, mais essayons...
... et on constate alors que pépé Coben est clairement arrivé au bout de ses sempiternelles histoires de cellule familiale menacée par des secrets inavouables, avec disparition et / ou retour de l'un de ses membres, etc. etc. Et que pour arriver à nous pondre une nouvelle intrigue avec son lot de rebondissements et de surprises (on paye pour ça, non ?), il lui faut aller chercher de plus en plus loin des histoires complètement abracadabrantes. On a donc droit cette fois à un véritable carton plein de clichés (et de foutaises !) : des dealers black à la gâchette facile, un ancien (black lui aussi) militaire à la gâchette facile, un tueur à gages amoureux d'une belle garce à la gâchette facile, une secte d'illuminés trafiquant des enfants et s'entretuant pour un héritage; des bikers néo-nazis trafiquants de drogue, etc. etc. et puis, puisqu'on est chez Coben, une fille et une femme qui mentent à leur brave mari qui leur faisait pourtant tellement confiance.
L'accumulation de rebondissements a le mérite de nous faire voyager loin de l'intrigue originale (la disparition d'une fifille à papa devenue junkie...) et de nous entraîner de surprise en surprise, ce qui a toujours été le "talent" de Coben, mais on sent que le vieux con a de plus en plus de mal à faire tourner rond ses histories à dormir debout, pétries de raccourcis faciles et d'invraisemblances criantes (réfléchissez dix secondes en lisant ce livre au "rôle" et à l'attitude de la police dans cette histoire !). La fin de "Ne t'enfuis plus" est littéralement catastrophique, avec un mélange de résumé explicatif bâclé et de double-twist pourri qu'on ne pensait pas trouver chez un "professionnel de la profession" comme Coben.
Une belle bouse..
[Critique écrite en 2021]
Créée
le 8 août 2021
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