Pas mieux
Décidément j'ai du mal avec Clouscard... Pas plus convaincu par cet opus que pas son Capitalisme de la séduction. Mais tout n'est pas mauvais, alors 5/10 c'est déjà sévère.
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le 10 mars 2015
Essai qui nous explique comment le capitalisme en crise a dû mettre en place le libéralisme-libertaire et le national-socialisme pour faire la médiation entre le capitalisme d'avant-guerre basé sur le libéralisme économique classique et le capitalisme monopoliste d'Etat. On y apprend que le grand Capital a réussi à faire avancer la droite libérale et la gauche libertarienne main dans la main pour aboutir à la nouvelle société ultra permissive et individualiste que nous connaissons aujourd'hui. Le but étant de continuer à perpétuer le versant économique traditionnel mais en y adjoignant une nouvelle gauche qui se fera garante de l'évolution des moeurs en promulgant (à ses dépens ou non) ce que Michel Clouscard qualifie de "fascisme culturel", et 8 ans plus tard, de "Capitalisme de la séduction".
La particularité de ce livre par rapport à ce dernier cité c'est notamment d'avoir déjà expliquer le rôle du freudo-marxisme qui était de liquider les avancées théoriques et pratiques de la psychanalyse et de l'hégéliano-marxisme dans le milieu universitaire en les vidant de leurs substances pour cacher le relationnel entre les deux. Pour invisibiliser la stratégie du néo-capitalisme qui est de jouer sur la superstructure idéologique (par l'entremise de la nouvelle intelligentsia) pour justifier l'infrastructure économique et les nouveaux rapports de production dont il a besoin. MC va même plus loin en dénonçant le fait que ce FM servira à invisibiliser le rôle entretenu par les nouvelles couches moyennes parasitaires et non-productives de la petite et moyenne bourgeoisie qui est de "mimer" l'intégration des classes populaires dans la société de consommation.
Tout ça alors que les 30 glorieuses post plan Marshall ne représentent pour lui que l'accroissement du travail généralisé et organisé par l'intermédiaire des biens d'équipements des ménages et la facilitation des transports (réseaux autoroutiers) pour renouveler la force de travail. Et que les loisirs ne sont là que pour la récréation des forces productives.
MC décortique notamment comment le néo-capitalisme joue sur le Nationalisme de la vieille bourgeoisie conservatrice des provinces et en même temps sur le réformisme techno-scientifique des nouvelles forces productives pour aboutir à l'anthropologie bourgeoise totale. Le National-socialisme étant devenu le principe régulateur de l'expansion monopoliste d'Etat. Celui qui unifie l'antagonisme Ville-campagne, ancienne et nouvelle bourgeoisie, libéralisme traditionnel et néo-libéralisme pour alterner entre les discours pro-croissance et les discours anti-croissance quand c'est nécessaire.
Étant écrit en 1973 je n'ai pas appris grand chose de nouveau par rapport à ses écrits postérieurs si ce n'est que la Nouvelle Vague initiée par Godard (directement cité dans le livre) et sa période gauchiste représentait dans les années 60 l'occasion parfaite pour le néo-capitalisme d'après-guerre de mettre en avant un cinéma engagé fait de transgression et de subversion qui n'était contestation politique que dans son esthétique idéaliste et petite bourgeoise, et ce malgré ses visées communistes primaires et quelque peu scolaires. Il suffit par ailleurs de voir comment cette Nouvelle Vague a par la suite influencé de grands cinéastes américains comme Scorsese, Tarantino et Coppola pour saisir toute l'ironie de la situation. Juste retour à l'envoyeur ? Godard, idiot utile de la fausse émancipation du divertissement commercial par l'anti-Oedipe ? Précurseur de l'intégration du prolétariat dans la nouvelle société libérale-libertaire qui se ligue contre les valeurs et les carcans traditionalistes culturels par un activisme anti-étatique et néo-fasciste ?
Difficile d'être vraiment catégorique mais il reste encore difficile de ne pas croire que ce réalisateur ait pu jouer un rôle décisif dans la volonté du freudo-marxisme qui est de transmuter le rôle historiquement révolutionnaire de la bourgeoisie (celle-ci étant toujours favorable au changement, au progrès et à l'innovation pour justement cacher son conservatisme et fortifier ses privilèges) au consommateur libertaire spontanéiste qui pensera se défaire de l'aliénation mais qui ne fera que reconduire une répression et un néo-fascisme en faveur de la contre-révolution libérale du pouvoir.
Créée
le 17 mars 2024
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