« Le ciel au-dessus du port était couleur télé calée sur un émetteur hors service. »
Neuromancien est un ouvrage qui a fait date dans l'histoire de la science-fiction lors de sa sortie en 1984, en tant que première œuvre majeure du mouvement cyberpunk (pour la petite anecdote, son auteur est aussi l'inventeur du terme cyberspace).
Le monde de Neuromancien est un monde de réseaux (la fameuse matrice), de hackers, de multinationales, de villes surpeuplées, sales, de rues envahies par la misère et la drogue. Un tableau sombre que Gibson nous dépeint d'une main de maître, où l'homme ne trouve son échappatoire que dans la matrice ou la drogue (et bien souvent, les deux). L'intrigue débute dans une banlieue japonaise à la faune hétéroclite, avec comme personnage principal Case, ancien "cowboy" (terme désignant les hackers) à la dérive, dont la connexion neurale à la matrice a été détruite par son dernier employeur, qu'il a essayé de voler. Deux inconnus, Armitage et Molly, le contactent et lui propose de restaurer sa connexion en échange d'une certaine mission...qui prendra des proportions pour le moins inattendues.
Neurmomancien est une oeuvre visionnaire au sens où elle pose les bases d'un univers à l'époque totalement inconnu (nous sommes maintenant plus habitués à ce genre de choses avec un web omniprésent, et la popularités d'oeuvres plus récentes comme Ghost in the Shell, Ghost in the Shell : Stand Alone Complex (directement inspirés du Neuromancien) ou encore la trilogie des Matrix bien qu'elle n'appartienne pas du tout au mouvement cyberpunk pour des raisons que j'expliquerai dans une autre critique ; et, dans une certaine mesure, la popularité du jeu de rôle Shadowrun sorti quelques années plus tard en 1989), et se pose d'ors et déjà dans un thème de réflexion qui sera le thème central du mouvement cyberpunk : une société marquée par l'aliénation de l'homme avec la machine mais dans laquelle il nourrit l'espoir que la technologie le libère.
Paradoxalement, ce qui rend l'immersion dans cet univers assez particulier quasi immédiate est aussi ce qui rend le roman un peu difficile d'accès : le style de Gibson, le langage des protagonistes avec l'emploi d'un vocabulaire spécifique (par exemple, les cowboys pour désigner les hackers, ou la glace pour les défenses informatiques des multinationales). Mais pour peu qu'on se prête au jeu, quitte à être un peu déstabilisé au début voir à trouver l'œuvre un peu brouillonne, on se rend compte de la richesse de cet univers et de la prouesse qu'a accompli Gibson. Ma note tiens compte du style pas toujours facile d'accès et du fait que le roman est moins révolutionnaire à présent, sans quoi il aurait mérité le 10. Un livre à lire et un pilier du cyberpunk.
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