Un beau-livre au format d'un poche, les éditions Points l'ont réalisé en rassemblant des photographies de Raymond Depardon sur la ville de New York.
Comme l'explique la préface du biographe, Philippe Séclier, la ville de New York est un lieu emblématique dans l’œuvre de Raymond Depardon. Lieu de passage lorsque le journaliste reporter couvrait les différentes guerres du globe, New York est devenue la ville qui l'a fait naitre à la Street Photography.
Après la mort d'un ami journaliste au Vietnam et le départ de Gilles Caron, le photographe en autres de Mai 68, il a peur d'être le prochain et recherche une autre façon exercer son talent. Admiratif d'un Garry Winogrand et d'un Walter Evans, en passant par une Susan Meiselas, Raymond Depardon se cherche une écriture ou "un regard" dit Philippe Séclier. Les photos de New York Aller et retour témoignent des déambulations d'un homme décidé à changer d'expression, presque de métier.
Soixante-cinq photos sont présentées en noir et blanc le plus souvent sur double page. La plupart rendent compte d'habitants surpris dans la rue, souvent isolés dans la ville de la démesure. Raymond Depardon scrute les différences, les solitudes et les paradoxes. Le cadrage retravaillé à l'impression insiste sur la volonté du photographe de pointer et d'accentuer les contrastes. Mais, la plupart raconte l'histoire des failles que cette société du dernier tiers du XXè siècle met en scène.
Par exemple, un homme d'âge mûr, certainement un cadre, blanc imper costume cravate, sort de son bureau, situé certainement dans un des buildings derrière lui. Tout semble indiquer sa réussite. Et pourtant, un pansement sur son nez pervertit cette impression. Une bagarre ? Une porte prise en pleine face ? Tout est possible pour expliquer le détail qui contredit l'impression de l'ensemble.
La ville y est présentée en marche avec ses habitants si dissemblables et pourtant exprimant cet ensemble mythique d'une époque où voitures paquebot, lavabos doubles s'offrant une vue sur Manhattan et tags du métro racontent la violence, la dureté à survivre mais aussi la liberté de s'y promener torse nu, de côtoyer lumières crues et noirceur saturée.
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