Dans les États-Unis de 2040, des lois d’exception ont interdit toute recherche pouvant conduire à la création d’humains augmentés et ont créé l’ERD, la direction des risques émergents, une agence gouvernementale omnipotente chargée de ce sujet.
Kade, un jeune étudiant biologiste et informaticien, a fait évoluer une drogue prohibée, le Nexus 3, vers le Nexus 5, qui connecte des cerveaux entre eux pour partager pensées et émotions. Cette drogue permet tout simplement l’installation dans le cortex d’un mini système d’exploitation informatique, contrôlant le corps et l’esprit, agissant à la fois comme multiplicateur des capacités mentales, comme couche réseau de connexion à d'autres cerveaux et comme pare-feu de protection. Lors d’une soirée de partage de Nexus, un agent infiltré de l’ERD conduit à la capture de Kade et de ses amis. L’ERD fait chanter Kade : s’il ne les aide pas à espionner Su-Yong Shu, la spécialiste chinoise du domaine, il finira sa vie en prison ainsi que ses compagnons. Il est alors envoyé en Thaïlande pour assister à un séminaire international pendant lequel il devra se faire embaucher par Su-Yong Shu.
Ramez Naam, à côté de sa carrière d’informaticien, est avant tout un chantre du transhumanisme. Avant Nexus, il a écrit More than human, un panorama de la recherche scientifique actuelle et à venir d’amélioration du corps et de l’esprit ; il donne aussi des conférences sur ces sujets.
Nexus est une extension romanesque de son œuvre de futurologue : si l’introduction avec sa scène de sexe folklorique qui tourne mal parait plutôt légère, l’écrivain retrouve vite son sérieux pour mêler à une intrigue de thriller politique ses préoccupations éthiques et techniques. Le futur américain que propose Naam est glaçant : les lois bloquant toute recherche sur l’augmentation du corps humain rappellent les débats autour de l’utilisation des cellules souches et les restrictions imposées sur le sujet par George W. Bush suite aux pressions de son entourage le plus conservateur. Ramez Naam, à travers son personnage principal, se prononce clairement contre les entraves à la recherche.
Mais pour autant l’auteur n’oublie pas qu’il écrit un roman et mène celui-ci à bon rythme : alternant les rencontres et dialogues fourmillant d’idées avec des scènes d’actions impressionnantes, il ne laisse pas au lecteur le temps de s’ennuyer et ne tombe jamais dans la lourdeur didactique qu’un récit aussi pointu techniquement pourrait entrainer. Saluons au passage l’excellente traduction de Jean-Daniel Brèque qui a dû beaucoup se documenter pour rendre tous ces concepts en Français.
Plus qu’un simple technothriller, Nexus est un roman intelligent et rythmé mêlant science et réflexion tout en se mettant à portée des lecteurs. Une excellente surprise !