Nino dans la nuit, c’est le roman d’un duo, d’un couple, de deux personnages qui sont au centre, duquel gravitent d’autres.
Nino Paradis.
Un gosse de dix neuf ans. Des conneries jusqu’au ras du cou. A suffoquer d’une vie qui est étau. Une société qui fait tout pour le renvoyer par k.o sur le tapis de ses désillusions. A survivre de petits boulots, à comprendre que l’exploitation et la tête baissée est l’unique chemin d’une réussite sur laquelle il crache avec véhémence. Nino le grain de sable dans un rouage déjà trop encrassé. Dysfonctionnement. La gueule d’un malfrat mais la verve d’un mioche. Le coeur qui palpite pour une fille ; Lale.
De l’histoire, je préfère me taire, n’en donner aucune information. L’histoire, finalement, ce n’est qu’une excuse. Le plus important se faufile entre les lignes, entre les élucubrations de Nino et ses copains.
Roman de la jeunesse égarée.
Roman de la société qui broie les nouveaux venus.
‘‘J’ai la tête, les yeux et la bouche qui crament, j’ai avalé des
braises qui me font des trous partout. Des trous dans le sol quand
j’avance, des trous dans les phrases que je veux dire à des gens qui
ont des trous dans le visage quand je les regarde.”
La plume ? Mon amour pour ces auteurs qu’on peut reconnaître aux premières lignes se voit frétiller de joie. Toujours cette même dégaine verbale. Ca claque, ça jacte, ça dégoise et dégueule. Entre poésie et crasse verbale. Au bonheur de n’y voir aucune duperie, rien qui ne soit surjoué. À l’impression fabuleuse de dialoguer avec Nino, de l’accompagner, lui et ses potes dans leur ritournelle noire.
Nino dans la nuit, une valse noire, une dernière danse pour la jeunesse qui s’échoue à trouver chemin entre les débris d’une société en vrac.