Comme une cicatrice...
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le 15 juin 2017
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Publié sur L'Homme qui lit :
Ils sont rares ces romans qui vous happent, qui dés les premières pages libèrent une magie littéraire, vous jettent un sort qui vous empêche d’en arrêter la lecture avant d’en tourner la dernière page, exténué par une lecture frénétique. Ils sont assez rares pour que l’on puisse en parler comme des coups de cœur, des révélations, des pépites, et qu’on veuille essayer de convaincre tout le monde autour de soi que c’est LE roman à lire, le titre qu’il ne faut surtout pas rater, et dont on espère qu’il deviendra avec le temps un grand classique de la littérature américaine.
Le roman débute dans la fin du 18ème siècle, dans les terres de Côte-de-l’Or, le Ghana actuel, autour du destin de deux soeurs, Effia et Esi, nées d’une même mère dans deux villages différents d’une province tribale du pays fanti. Effia sera mariée à un colon anglais du fort de Cape Coast, vivant alors du commerce avec l’Afrique mais surtout de la traite négrière. Sa soeur Esi, dont elle ignore l’existence, sera elle aussi envoyée dans le fort, mais dans ses immondes cachots, ou elle sera vendue comme esclave puis envoyée en Amérique.
Au fil des générations, le lecteur suit la descendance de ces deux sœurs promises à des destinées que tout oppose et qui pourtant, chacune à leur façon, fait écho à ses racines. Les enfants d’Effia resteront dans ces terres d’Afrique, seront de ces Grands Hommes, chefs de tribus, lettrés, enseignants, condamnés à voir les clans s’entretuer pour survivre et vendre à l’homme blanc sa précieuse marchandise qu’est l’homme noir.
Aux États-Unis, la descendance d’Esi connaîtra l’enfer de l’esclavage, des champs de coton aux coups de fouets, du travail forcé dans les mines à l’injuste ségrégation, de la guerre de sécession à l’enfer de la drogue. Sept générations plus tard, les destins entremêlés de Marjorie et de Marcus, chacun porteur de la très longue histoire de leur famille, faite d’espoir et de souffrance, riches de leurs racines africaines, qui se retrouvent enfin au fort de Cape Coast, le point originel.
Yaa Gyasi signe à 26 ans un premier roman d’une extraordinaire maturité, d’une beauté qui transcende la littérature. L’histoire de cette famille qui traverse les siècles, nourrie par l’espoir d’une vie meilleure, qui toujours garde la tête haute, est tout simplement magnifique. C’est une lecture passionnante, à l’écriture maîtrisée, un roman polyphonique de personnages aussi sensibles que touchants, qu’il faut absolument découvrir. Un très grand livre !
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Créée
le 18 févr. 2017
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