Mon avis : Sonia est lycéenne, en première littéraire. Elle partage son temps entre Matthieu, son meilleur ami – qui n’est malheureusement pas dans la même classe qu’elle – et son amour pour l’écriture. Habitant un petit village de Normandie, elle est interne dans son établissement scolaire. Un jour, elle décide d’échanger avec d’autres personnes partageant sa passion, et s’inscrit sur un forum, Trames. Elle va y faire la connaissance d’une communauté qui souhaite publier son premier fanzine à l’occasion de la Japan Expo, qui se tient à Paris en juillet. Peu à peu, va donc se rapprocher de Lou, une lycéenne de première S, qui rêve de devenir une dessinatrice reconnue. Ensemble, elles vont créer une petite histoire pour ce fanzine, avec la plume de Sonia et le coup de crayon de Lou. Mais pour ces deux filles que tout oppose, et que quatre cents kilomètres séparent, c’est avant tout l’histoire d’une magnifique amitié qui est en train de s’écrire. Qui a dit que tout ce qui se passait sur la toile n’était que virtuel ?
Le point fort de ce roman est sans doute ses deux héroïnes qui sont a priori aux antipodes l’une de l’autre, mais qui vont se retrouver autour d’une même passion qui fera naître une belle amitié. Sonia – alias Yuna sur le forum, en référence au personnage du jeu vidéo Final fantasy X – est une jolie blonde au fort caractère. Elle n’hésite pas à dire haut et fort ce qu’elle pense, ou à prendre les devants pour aller séduire des garçons, avec l’aide de Matthieu, son meilleur ami gay. Ses relations avec sa mère sont presque inexistantes, et leurs échanges sont réduits au strict minimum ; elle est un peu plus proche de son père, mais cette famille ne fait pas réellement preuve de cohésion, puisque les repas pris ensemble se limitent à Noël et aux anniversaires, et Sonia a plus ou moins la liberté de faire ce qu’elle veut, sans avoir vraiment de compte à rendre. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, elle aimerait bien que sa mère soit un peu plus sur son dos. Vivant à Angoulême, Lou – alias Tiamat – est en première S, et sa maman souhaiterait qu’elle fasse de brillantes études scientifiques une fois le baccalauréat passé, alors que le rêve de sa fille est d’entrer dans une école de dessin : les Gobelins. Sa mère est ce qu’on appelle une mère poule, et quelle ne sera pas sa réaction lorsque sa fille lui annoncera qu’elle a été invitée par Sonia, cette fille dont sa maman ignore tout ! Elle ne manquera pas de la mettre en garde contre les dangers des rencontres sur Internet. Pourtant, même si elle ne l’a jamais vue « en vrai », Sonia est pour Lou ce qui s’approche le plus d’une amie : seule au lycée, elle mange en vitesse à la cantine pour pouvoir se réfugier ensuite au CDI. Elle devra affronter le divorce de ses parents, et la jeune Normande sera son plus grand réconfort. Elles se confieront l’une à l’autre, au sujet de leurs familles, de leurs études, de leur passion pour le dessin et l’écriture, mais aussi des garçons qui font battre leur cœur, etc.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Davantage destiné à un public adolescent, il m’a cependant conquise. Ce livre nous montre à quel point Internet peut être source de bonnes surprises. Bien sûr, il peut y avoir des déconvenues, il faut se méfier et ne pas faire confiance à n’importe qui. Néanmoins, de réelles amitiés peuvent se tisser sur la toile, et il ne faut pas avoir le préjugé du « c’est virtuel, ça n’existe pas ». Samantha Bailly aborde aussi la thèse contraire, et nous montre combien il est facile de paraître différent de ce que l’on est au quotidien, de se faire passer pour quelqu’un que l’on n’est pas. Nos âmes jumelles est construit en plusieurs parties, découpées mois par mois, de la rentrée scolaire en première des deux jeunes femmes à leur rentrée en terminale. Et lors de chaque partie, un chapitre va être consacré à chacune. Bien que la narration soit externe, elle nous fait part des ressentis et des pensées des deux protagonistes principales. Et chaque chapitre débute par un petit mot de quelques lignes, écrit par l’une pour l’autre des années après le temps de la narration. Nous pouvons ainsi lire par exemple : « Si tu ne m’avais pas ouvert la porte de ton monde, j’ignore quand j’aurais appris à m’amuser » (62 %). Nos âmes jumelles m’a donc énormément plus, c’est pourquoi, une fois ce roman refermé, j’ai décidé de me plonger dans Nos âmes rebelles.
Une citation : « Avec elle, même si ce n’est que par le biais des messages et de la webcam, elle se sent entière, peut partager ses joies, ses doutes, parler de son rêve d’écriture sans pudeur. Pourquoi serait-ce moins légitime de rencontrer quelqu’un qui partage ses centres d’intérêt même à distance ? C’est un lien finalement bien moins aléatoire que celui tissé avec les gens qu’elle retrouve en classe. » (43 %)
Ma chronique : https://loasislivresque.com/2016/12/03/nos-ames-jumelles-samantha-bailly/