« Pas encore sourd. Pas encore mort » Phil Collins

Phil Collins est un artiste que j’aime beaucoup et je n’ai jamais compris pourquoi il fait partie pour de nombreux médias, des artistes sur lesquels il est de bon ton de cracher (on pourrait en dresser la liste, tiens) ! J’espérais qu’il nous donne quelques pistes dans cette autobiographie pour comprendre cette situation mais même lui n’apporte pas vraiment de réponses (le succès peut rendre jaloux mais à ce point-là, ce sont des tombereaux d'injures qui lui sont tombés dessus!). Mis en cause par les tabloïds et une grande partie de la presse musicale au fil des années 80 et 90 à cause de ses divorces, sa musique (Another day in paradise par exemple...), sa participation régulière à des concerts de charité (comme le Prince’s Trust), à chaque fois qu’il a essayé de se défendre, de s’expliquer, ça s’est retourné contre lui…C’est (c'était) d’abord un fantastique batteur, fou de jazz et des Beatles comme des Who. Il cite Buddy Rich à de multiples reprises comme une de ses influences principales mais rend aussi hommage à Ringo Starr, John Bonham, Keith Moon. C’est aussi un grand mélodiste et il a été un showman exceptionnel (ceux et celles qui l’ont vu sur scène le savent). Tout jeune, il a assisté aux débuts de Led Zeppelin, Jeff Beck, Cream, Hendrix, tous les musiciens qui ont débuté à Londres dans les années 60 et dont pas mal allaient devenir ses amis plus tard. Phil est un fan de musiques plurielles : « J’écoutais autant Sinatra at the Sands avec Quincy Jones à la baguette, que With the Beatles. En grandissant, mes oreilles ont traîné un peu partout et je suis devenu accro à John Coltrane, Weather Report et Miles Davis ». En intégrant Genesis, il est entré dans un des plus grands groupes de rock progressif aux influences multiples (folk, rock, classique…) et en devient le chanteur après le départ de Peter Gabriel en 1975. En sortant Face Value en 1981 et ce chef d’œuvre qu’est le titre d’ouverture, In the air tonight, il ne se doutait pas qu’il allait devoir mener de front une carrière en groupe et en solo à travers le monde entier jusqu’en 1995 et son départ de Genesis, vu le succès qu’il a rencontré et quel succès : avec Michael Jackson et McCartney, Collins est le seul artiste à avoir vendu plus de 100 millions d’albums en solo et avec un groupe ! Mais Phil nous raconte aussi sa vie familiale, plus chaotique, la difficulté de construire une famille solide alors qu’on est sur les routes ou en studio la majeure partie du temps. Il nous parle avec sincérité et lucidité des échecs de ses 3 mariages et de sa part de responsabilité. Son alcoolisme aussi qui a bien failli lui coûter la vie dans les années 2000. Mais le plus souvent, il fait preuve de beaucoup d’humour : le chapitre entier qu’il consacre à sa participation à All things must pass de Harrison en 1970 vaut à lui-seul la lecture de ce livre ! L’histoire se déroule sur 30 ans et elle finit en grand éclat de rire, pour les protagonistes comme le lecteur ! Collins ne s’est jamais fixé dans un style, progressif, fusion (avec son groupe Brand X), pop, musiques de film (il a reçu un Oscar !) ou même jazz, puisqu’il a monté un big band de qualité, sous la direction de Quincy Jones à Montreux par exemple. Il nous l’avoue simplement : « Quoi qu’il en soit, quand le jazz t’appelle, tu réponds présent ». L’autobiographie s’arrête en 2016, alors qu’il a arrêté in extremis l’alcool mais que sa santé a beaucoup décliné. Il est tout de même reparti avec Banks et Rutherford sur les routes pour une tournée d’adieux de Genesis qui s’est achevée en 2022 : Phil ne peut plus du tout jouer de la batterie et ne chante qu’assis. Ca fait mal quand on l’a vu en pleine possession de ses moyens (et je l’ai vu en solo et avec Genesis en 2007). Il a tout de même survécu et peut aujourd’hui profiter de ses enfants et petits-enfants. Une autobiographie vraiment touchante, souvent drôle, sans règlements de compte mais « des mises au point » nous précise Phil dès le début. De toute façon, les grincheux de tout poil continueront de le détester pour telle ou telle raison, rien ne les fera changer d’avis (n’est-ce pas Noël Gallagher ?! voir l’épisode raconté dans le livre). Les autres apprendront à mieux connaître et apprécier un personnage attachant, avec ses défauts bien sûr, mais aussi un talent monstre, un gros travailleur qui a parcouru 50 ans de l’histoire du rock et de la pop, et ça, c’est quand même énorme.

JOE-ROBERTS
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le 6 oct. 2024

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