Un matin de 1981, Juan embarque son fils Gaspar sur les petites routes de l'Argentine. Un grand homme blond, taiseux et mystérieux, accompagné d'un petit garçon sérieux, souvent triste. Tous deux portent encore le deuil de Rosario, la femme, la mère, décédée dans un accident de voiture improbable. Aux yeux de Juan, cela n'a rien d'un accident. L'Ordre est à blâmer, l'Ordre qui cherche aussi à s'emparer de Gaspar, l'Ordre qui possède droit de vie ou de mort sur Juan, leur médium, celui que le Dieu de l'Obscurité a élu pour parler à ses Initiés. Mais Juan ne compte pas les laisser faire.
Grande fresque familiale, historique et fantastique, Notre part de nuit est le roman le plus ambitieux et le plus passionnant que j'ai pu lire ces dernières années. Composé de plusieurs parties et mené par plusieurs narrateurices (Juan, Rosario, Gaspar), son récit mêle des sujets tels que l'horreur de la dictature militaire argentine des années 70, le marasme économique qui suivit le retour à la démocratie, et l'histoire de la famille de Gaspar, ces riches propriétaires de plantations de maté, fondateurs d'un ordre occulte qui vénère l'Obscurité.
Notre part de nuit est un roman dense, dur et violent, qui plaira tant aux amateurices de fantastique horrifique (Lovecraft, Stephen King) qu'aux lecteurices de romans contemporains et de littérature d'Amérique du Sud (Cortazar, Ocampo). La passion de l'autrice pour la poésie se ressent à la lecture, son roman ressemble à une étrange litanie hallucinée qui vous laisse hébété·e, légèrement vacillant·e, profondément marqué·e.