Un roman que j'ai eu du mal à situer en termes d'édition. Young adult ou pas ? Même après l'avoir fini, je ne suis toujours pas fixé.
Après, c'est pas très important, donc on y va !
Le récit se passe, du moins au début, en Corée du Sud, au XXIe siècle. L'héroïne du roman, Ha-Neul est une étudiante en japonais khazako-coréenne, qui aspire à un rapprochement entre son pays d'origine, la Corée du Sud et le Japon (une tâche ardue s'il en est, vu le passif entre les deux peuples).
Et donc, mini-spoil parce que ça arrive tôt dans le récit, Ha-Neul va se retrouver (magiquement pour ce qu'on en sait à la fin du tome 1) transposée plusieurs siècles en arrière, au XVIe siècle, au moment où les Japonais tentent d'envahir la péninsule coréenne pour la deuxième fois.
Recueillie par un seigneur japonais et chrétien, qui la prend pour une européenne (à moins qu'elle ne soit un kami ?), elle accompagne donc l'invasion déguisée en arquebusier de l'armée.
Et on va pas se mentir, c'est pas la fête pour les Coréens, puisque le Shogun Toyotomi Hideyoshi a été clair : il faut massacrer la population locale. Une récompense est d'ailleurs promise aux soldats et samouraïs : pour chaque nez coupé rapporté au Japon, une somme d'argent sera versée. Charmant.
On a donc droit à des scènes de massacres, de mutilations, de pillages et de viols assez glaçantes, mais heureusement mise en scène sans que ce soit complaisant ou traité de manière anecdotique.
Et bien sûr, notre héroïne sert à matérialiser notre point de vue contemporain sur ce conflit ancien et la barbarie qui s'y déchaîne (même si bon, j'ai aucun doute que c'est pas beaucoup mieux aujourd'hui, la guerre). Elle cherche à limiter les exactions de l'armée, profitant du léger ascendant qu'elle a sur le seigneur qui l'a recueilli et certains de ses samouraïs.
Et heureusement, le roman n'est pas constitué que de batailles et d'atrocités. Les civils ont également une grande place dans le récit (au moins ceux qui se font pas trucider), et le récit réserve son lot de passages plus contemplatifs / poétiques et humains aussi (et ça fait du bien). On passe pas mal de temps à découvrir en filigrane la société féodale du Royaume de Joseon (royaume qui tiendra jusqu'en 1897) et ses différentes composantes.
Il y a en outre toute une composante magique (à laquelle Ha-Neul semble liée) au récit, avec l'omniprésence des fantômes et des dieux de la mort venant récupérer les âmes (nombreuses) des défunts. Plus décalés et amusants, ces esprits permettent d'alléger le récit et de le dédramatiser en apportant une touche d'humour elle aussi bienvenue.
Le résultat final est très convainquant, et laisse présager une suite intéressante. Outre le cadre historique fort dépaysant, le roman recèle quelques belles qualités littéraires, et j'espère avoir le temps de lire ce cycle d'Imjin