Sɛbi en chasse
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Kayo, de son vrai prénom Kwadwo est allé faire ses études en Angleterre et est revenu au Ghana pour travailler. Mais, il bosse pour un laboratoire n'ayant pas été recruté pour être médecin légiste à Accra la capitale du pays. Un concours de circonstance l'amène à enquêter dans ce village. Fort de son éducation, il aurait pu snober les habitants, mais au contraire, il les écoute et c'est ainsi qu'il avancera dans ses investigations. J'ai souvenance d'une nouvelle parue dans un recueil Nouvelles de Côte d'Ivoire, dans laquelle, un peu de la même manière, un jeune golden boy revenait dans son village d'origine et retrouvait les gestes et le goût de la simplicité, des croyances et des coutumes de ses aïeux. C'est la rencontre de deux mondes, le Ghana ancien et le moderne que nous narre Nii Ayikei Parkes. Il décrit fort joliment l'un comme l'autre et le télescopage n'est pas si violent que cela, avec de l'écoute et de la compréhension, les deux mondes se côtoient et vivent ensemble.
Pour raconter son histoire, le romancier joue avec les codes du polar, puisqu'enquête il y a, avec les plaies de certains pays d'Afrique -pas chez nous, non, nous en Europe... c'est comment dire ? c'est pas pareil- : corruption, intimidation, régime autoritaire qui ne supporte donc pas la moindre contrariété ou contradiction, argent qui passe de mains douteuses en d'autres mains douteuses, ..., avec les codes du roman d'initiation, du conte du griot et avec les différences entre les cultures occidentale et africaine. C'est très bien vu et très bien fait. C'est assez drôle dans les dialogues, léger et vif :
"Bon, mon ami, veuillez décliner vos nom, prénoms et profession.
Kayo Odamtten. Je travaille dans un laboratoire scientifique.
C'est ça le nom que votre père a trouvé pour vous faire sortir au grand jour ?"
Il y avait dans la voix du sergent un mélange d'agacement, d'amusement et de cynisme.
"Donnez-moi votre vrai nom.
La langue de Nii Ayikei Parkes est métissée lorsqu'il fait parler ou intervenir Yao Pokou, le vieux chasseur du village. Je dois même confesser que le premier chapitre m'a troublé, déstabilisé, mais je voudrais inciter ici tout futur lecteur à passer au-dessus de cet éventuel écueil, parce que la suite vaut le détour, largement, très largement, très très largement. Il faut saluer le travail de la traductrice Sika Fakambi qui a dû se torturer les méninges pour reproduire la vitalité et le métissage du style de l'auteur.
Encore une fois les éditions Zulma publient un très joli livre, dépaysant, original, formidable. Et en plus, il sort en poche... Pourquoi se priver ?
Créée
le 21 juin 2016
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