Dans ce roman, au-delà de l'histoire, ce qui m'a le plus fait réfléchir et interpellé c'est cette question relativement secondaire mais qui a son importance "à quel point on peut faire confiance à l'autre ?" et ça m'a ramené à un vieux livre que j'avais lu au collège "No et moi". Dans le sens où ceux sont deux personnages foncièrement bienveillants qui décident d'ouvrir la porte de leur humanité à deux êtres en souffrance. Or, les êtres en souffrance attirent les suspicions, les questions. Ca finit toujours mal ce genre d'histoire, pas vrai ? Pourtant, alors qu'on s'attend à tout moment à un revirement du personnage en souffrance, on se rend compte que ce dernier aide presque autant le premier. Chacun guérit l'autre. Mais ça n'empêche pas de continuer à percevoir ce malaise, on reste persuadé que ça ne finira mal cette relation. Quand le loup, entré dans la bergerie, mangera le mouton ? On ne saura jamais.
Au-delà des histoires parallèles qui s'imbriquent, c'est surtout cette question en suspend pendant tout le roman, présente sans être évoquée, qui m'a le plus perturbé. Peut-être parce qu'on dit toujours que quand on donne un avant bras on nous prend le bras entier, ce qui semble se vérifier souvent ? Je ne saurais dire. C'est allé chercher une idée reçue au fond de moi sans m'apporter de réponse puisque finalement le mouton se débarrasse du loup avant que ce dernier ait pu agir (s'il allait agir... ?).
Au delà de cet aspect secondaire, l'intrigue, le parallèle entre la double vie de Zola et la (peut être) double vie du père décédé d'un des personnages sont très intéressants. Et on retrouve bien là la patte de l'auteure. Il y a toujours un personnage en quête de quelque chose et ce roman ne fait pas exception !
On referme le livre avec le sourire, peut être une petite émotion enfouie au fond de la gorge, et une forte envie d'aller lire l'Assommoir qui pourtant, comme son nom l'indique non sans ironie, assomme !