200 états mais 7000 langues ?

Ce texte est composé de 8 parties qui nous amènent à réfléchir sur les luttes des communautés autochtones et cette lecture a profondément chamboulé plusieurs de mes réflexions sur les États-nations et sur l'appropriation culturelle.

L'autrice est activiste, blogueuse et chercheuse en linguistique mais également écrivaine et traductrice. Elle est née en 1981 dans la montagne mixe de l'État d'Oaxana au Mexique. Si je vous le précise, c'est parce qu'une grande partie de l'ouvrage tourne autour de réflexions sur la communauté mixe, en plus globalement sur la pluralité des luttes autochtones. Elle évoque l'importance de la langue et de la culture de résistance, la complexité des situations de femmes autochtones face à assimilationnisme et critique l'État-nation colonial.

Cet ouvrage fait écho à l'ouvrage de Fania Noël à mon sens lorsqu'elle traite d'autodétermination et de la complexité de devoir faire face à la violence coloniale et l'instrumentalisation des personnes métisses pour "blanchir" et mieux uniformiser les populations "indigènes" pour les contraindre : c'est une idéologie politique qui participe à la domination des peuples autonomes qui ont considérablement baissés. Pour Aguilar Gil, en se basant sur les langues, il y a en réalité 7000 nations réparties dans 200 pays, soit la majorité qui n'ont pas besoin d'État, d'armée, pour exister. Je mets des guillemets car certaines populations se réapproprient le mot lorsque d'autres le rejettent et il s'agit d'une catégorie politique.

Aussi, selon elle, l'état vise un monolinguisme : " nos langues ne meurent pas : on les tue. L'état mexicain les a effacé." Elle prône une autonomie complète des apprentissages des différents savoirs sans pour autant par exemple, lorsqu'il s'agit de la médecine, nier les apports occidentaux. Il s'agit plutôt d'appréhender un dialogue entre les pratiques qui ne soit ni fétichisant ni folklorisant.

Doit-on former un état pour arriver à une certaine autonomie pour les peuples autochtones ? La question reste ouverte à débat. Tant que les États ne respecteront pas l'autonomie de ces personnes, de leurs terres et ne cesseront d'extraire des ressources sans leur accord, il n'y aura pas de paix envisageable et la lutte continuera.