J'aurai commencé par "Les Nouveaux contes à Ninon" avant d'avoir découvert les "Contes à Ninon", tout court. J'y ai pris grand plaisir.
En 1874, lorsque paraissent ces "nouveaux" contes, Zola n'en est qu'au tout début de sa grande entreprise romanesque, seuls quatre tomes des Rougon-Macquart sont déjà parus. Et pourtant, dans sa dédicace à Ninon, il évoque sa grande oeuvre universelle qui trouve elle-même écho dans chacun des contes sociaux du recueil.
Contes sociaux réalistes à tendance naturaliste, chaque récit lève le voile sur une historiette souvent autobiographique développée tour à tour avec poésie ("Les fraises", "Un bain"), lyrisme ("Les épaules de la marquise", "Le petit village") voire emphase lorsqu'il use de son style allégorique le plus passionné ("Le forgeron", "Le chômage"). J'ai eu la sensation de lire, pour la plupart d'entre eux, les esquisses des Rougon-Macquart à venir.
Il se dégage de chaque conte une fraîcheur ou une intensité dramatique exceptionnelle qui prouve, si besoin en était, qu'Emile Zola était aussi à son aise avec une narration brève qu'avec une narration longue.