"ô Fureur qui n'es pas nécessairement immortelle"
Sans éblouissement liminaire, ces contes m'ont laissé vaguement incertain du plaisir que j'y ai trouvé. Hésitation que j'attribue à la collision d'imaginaires empruntés et d'un style qui ne leur est pas toujours entièrement fidèle dans le rythme et l'intention. Pas grand chose, un mot de trop (ce "Marie" final de "Notre-Dame-des-Hirondelles", certaines fins qu'une lumière un tantinet crue noient dans une évidence qui eût été plus touchante à être moins dite).
Dix petits récits délimitent l'espace cruel des amours troublées, violentes ou cruelles. Dix petits récits ancrés dans la lumière des Balkan ou celle de l'Orient-Extrême. Seins de femmes, robustesse d'hommes, cruautés des puissants, des prêtres, du soleil et de l'âge. Fantômes et Déesses et Héros ou Brigands zèbrent l'esquisse des paysages d'un trait d'impossible - douceur, vitalité, survie.
C'est ciselé, un peu trop parfois, mais aussi contrasté comme seuls les contes traditionnels savent l'être - frisson pris entre l'oralité première et la mise en récit subtile. Affaires de démesures : Kâlî la Noire, déchirée entre la courtisane et la sainte, celle de la veuve Aphrodissia menée de la joie à l'abîme, celle de Marko Kralievitch ; et celle plus radicale sans doute de Cornelius Berg, regrettant au fond que Dieu se soit laissé aller à créer l'homme.