Dans tous les sens
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Comme le sous-titre le laisse entendre, on sera déçu si l’on cherchait dans Nu dans ton bain quelque chose de révolutionnaire, ou simplement de novateur. C’est d’ailleurs le propos de l’article : tout a été fait, il ne reste plus qu’à broder sur ce qui a été fait, ou à broder sur les broderies…
Par conséquent, il émane de ce court article (1) quelque chose comme un désabusement sans frustration : « Kafka pouvait encore raconter une histoire ; ce n’est plus possible pour le narrateur de Vila-Matas. Tandis que Kafka est né trop tard pour la religion, nous sommes tous nés trop tard pour la Littérature » (p. 29). Et cela ne semble pas plus toucher Lars Iyer que si on lui disait : « Le plombier est passé ce matin pour la chaudière mais il lui manquait une pièce alors il repassera cet après-midi ».
L’auteur assume ce désabusement, qu’on peut sans trop de craintes rapprocher d’un genre de post-modernisme sous la tutelle duquel il semble se placer implicitement quand il invoque les figures de Kafka, Pessoa, Bolaño ou Vila-Matas. Ainsi les conseils qu’il prodigue n’enthousiasment-ils guère : « L’auteur doit cesser de singer le génie. Montre-nous plutôt l’auteur comme singe, l’auteur comme idiot. N’aie pas l’hubris de jouer la comédie. Dans cette farce, c’est toi le sérieux et l’univers, le comique. […] Suis ta propre idiotie comme des traces dans le sable. / Écris sur ce monde, peu importe sur quoi d’autre tu écris, un monde dominé par des rêves morts » (p. 45).
C’est assez cohérent avec l’idée que « Le désir de créer des chefs-d’œuvre est une sorte de nécrophilie » (p. 42) – aussi limitative qu’elle me paraisse. Si bien qu’en fin de compte, on se retrouve avec quelque chose de vain qui assume sa vanité. Dans un registre assez proche, il me semble que l’Histoire de la littérature récente d’Olivier Cadiot est plus riche.
Créée
le 23 juin 2020
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