C'est particulièrement prenant, bien écrit, avec cette capacité à ménager le suspense par des paragraphes courts, centrés sur l'un des gamins, dans lesquels les pensées des protagonistes se manifestent souvent et grâce à une règle d'alternance bienvenue : on saute facilement des recherches de Duane à la bibliothèque aux trouvailles de Mike ou aux discussions des autres dans une de leurs nombreuses cachettes. Et on vibre avec eux, malgré l'évidente banalité du sujet et des problèmes récurrents de traduction (l'un des adultes est successivement présenté comme shérif puis adjoint puis à nouveau shérif) doublés de coquilles habituelles aux éditions du Livre de Poche. Bien entendu, ça ferait un très bon film.
Livre de commande ? Peut-être. C'est loin d'être un chef-d'oeuvre en ce sens qu'il ne révolutionne rien, ni dans la forme ni dans le fond. Moi-même, je préfère le Simmons des Cantos, celui qui évoque des espaces infinis, des civilisations et des technologies insensées et des conflits cosmiques. Mais Nuit d'été apporte son lot de suspense et de frissons ; le fait d'être en compagnie de jeunes résolus à ne pas se laisser faire met en exergue toutes ces émotions que l'âge adulte tend à placer sous l'éteignoir. Car ces gosses sont en vacances et cherchent le plus longtemps possible à en profiter avant que l'horreur ne s'abatte définitivement sur eux. Simmons a vraiment réussi à nous narrer les réflexions et réactions de ces enfants, pas toujours logiques, jamais calculateurs, froussards pour des peccadilles et manifestant un courage étonnant dans des circonstances qui glaceraient d'effroi n'importe quel adulte. Certes, il y avait déjà tous ces éléments dans Ca, mais ici, on ne passe pas par d'interminables allusions au passé : l'histoire se concentre sur cet été dramatique et sanglant (car les cadavres vont très vite se compter par dizaines) et ne nous laisse souffler que pour mieux nous y replonger.
Evidemment, avec du recul, on s'aperçoit qu'il ne se passe pas grand chose et que le gros de l'ouvrage n'est constitué que d'interminables digressions sur les décisions à prendre, car ces gamins passent leur temps à hésiter et les informations cruciales ne parviennent jamais au bon moment. Pour peu qu'on soit insensible à leur détresse, leur sentiment d'impuissance flagrante et leur volonté contrecarrée par la logique des adultes bornés, on trouvera le temps long.