Alors, non, depuis 1986, l'on ne peut plus écrire de roman d'épouvante situé dans les 60's dans une bourgade des states, traitant d'une bande de copains aux prises avec une présence maléfique, sans être comparé à Stephen King et à "ça".
C'est à la fois parfaitement compréhensible et totalement injuste.
Compréhensible car déjà en 87, King avait réussi à écrire un classique dont la puissance ne se résume ni à l'originalité de son histoire ni à l'efficacité de sa narration.
Injuste, car s'il est ardu de reproduire le même succès, beaucoup d'auteurs ont tout de même écrit d'excellents romans ayant plus ou moins les mêmes thèmes et qui ont été tout simplement occultés à cause de de cette comparaison.
Dan Simmons n'en est pas à son coup d'essai lorsqu'il publie "Nuit d'été" et jouit déjà d'une solide réputation avec "Hyperion" et "Le chant de Kali". Il a suffisamment d'intelligence pour ne pas suivre le schéma de son prédécesseur et de fait, même s'il n'atteint jamais la profondeur de "ça", son "Nuit d'été" ne manque pas de qualités.
Comme souvent chez Simmons (et ça ne s'est pas arrangé par la suite, oh non), le lecteur est obligé de se farcir d'interminables apartés redondants et des scènes d'expositions à la limite du soporifique avant d'être "récompensé" par l'épouvante pure et ce dénouement en apothéose. L'auteur n'a pas peur de malmener ses personnages, de leur en faire baver, voir de les supprimer comme il se doit (et en ce sens, le body count dans ce livre est plus élevé que la moyenne).
Simmons, en amateur d'Histoire, en profite pour soigner les racines historiques occultes de son cauchemar, cependant, comme toujours, il n'y va pas au dos de la cuillère et ces passages sont souvent d'une lourdeur qui usera la patience du lecteur occasionnel. Le fait que l'histoire prenne une bonne centaine de pages à se mettre en place n'aidera certainement pas à garder intéressé les plus indulgents, même si, encore une fois, la fin peut pardonner ces défauts.