« Nuit sombre et sacrée » (11-03-2020), le dernier roman traduit en français de Michaël Connely, consacre la rencontre entre l’inspectrice Renée Ballard, nouvelle héroïne créée par l’auteur dans son roman « En attendant le jour » (13-03-2019) et le monstre sacré Harry Bosch, connu de longue date et actuellement retraité du LAPD mais travaillant encore sur un ‘cold case’ qu’il ne digère pas.
Renée Ballard, comme Harry Bosch sont des écorchés de la vie. Solitaires par manque de temps pour créer des relations durables, ils sont tous les deux obnubilés par leur soif de justice, de résultats permettant aux familles des victimes de savoir. Les fans de M. Connely connaissent H. Bosch depuis très longtemps, sa ténacité, sa notion relative de la limite, sa soif de justice et réparation pour les victimes et son humeur bougonne de vieux solitaire. Depuis peu, ils ont appris à connaître Renée Ballard, son van, son chien, sa tente, son paddle et ses planches mais surtout sa forte personnalité capable de résister aux malveillances d’autrui, y compris de son supérieur d’alors qui l’a mise au placard dans un service de nuit peu valorisant. Mais c’est une battante. Elle a ce quelque chose d’inexplicable qui fait qu’elle développe une capacité de rebond et la science de l’opportunité : elle est là quand il faut !
Ce roman est taillé pour de tels héros. Du choc initial naîtra une méfiance entre ces pôles. Mais, peu à peu, elle se transformera en coopération, en respect et même en partenariat soudé. Les personnages évolueront, chacun se frottant à l’autre, tous deux, burinés par la vie, ne faisant qu’un pour retrouver le prédateur qui, il y a neuf ans, a enlevé et probablement tué Daisy Clayton, jeune ado un peu paumée que pleure toujours une maman ayant depuis basculé dans la drogue et ses dérives.
Nuit sombre et sacrée est un roman sombre, noir ! Il fait froid dans le dos, dérange et pose la question des limites, des choix, des procédures et du prix des résultats obtenus. On assiste au travail de fourmi de ces inspecteurs, aux vérifications et traques multiples. Le lecteur suit chacun de ces héros dans plusieurs affaires en même temps, tente de s’y retrouver dans les intervenants et aussi, c’est le but de la lecture, de lire les indices semés par l’auteur, certains permettant de remonter aux tueurs, d’autres seulement soupoudrés par l’induire en erreur en jouant un rôle distracteur. L’ensemble est bien mené, le style accroche et l’envie que justice soit faite bien alimentée.
Fidèle à son écriture et au personnage borderline qu’est Harry Bosch, l’auteur soulèvera quelques fois, avec délicatesse, la question de la justice d’état qui ne se marie pas toujours aisément avec celle qui revendique le même nom mais trouve sa source dans la vengeance. Une fois de plus, le tout est habillement réalisé et le lecteur, une fois au bout de l’histoire ne peut que se réjouir de cette rencontre Ballard-Bosch et en souhaiter d’autres.
Nuitsombreetsacrée #NetGalleyFrance
Un roman qui tient la route et reste conforme aux héros que sont Harry Bosch et Renée Ballard. Merci aux éditions Calmann-Lévy et à NetGalley, France pour leur confiance et l’envoi de ce S.P.