Critique de Numbers par Charybde2
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le 20 janv. 2019
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De prime abord, c’est l’histoire d’un homme et de ses aventures homosexuelles.
Puis ça devient l’histoire de l’homosexualité dans l’Amérique des années 60, juste avant la libération sexuelle. Ces relations sont encore cachées, encore clandestines, encore honteuses. La ville a pris le partie de les interdire, faisant circuler des policiers sous couverture dans les parcs ou les cinémas où les hommes se rencontrent. Plus radicalement encore, en trouvant des solutions d’urbanisme pour éradiquer ces lieux de rendez-vous.
Puis cela devient le récit d’une course contre le temps qui passe, une course évidemment perdue d’avance. Certains clins d’œil et indices prêtent à sourire : Johnny Rio se contemple régulièrement dans un miroir, à la recherche d’un changement – même infime – dans le reflet qui lui fait face. Un Dorian Gray californien. Croisant régulièrement la route d’un étrange Benjamin Button, un homme au volant d’une voiture de sport rouge qui semble rajeunir à chaque passage.
Et au-delà de tout cela, une poésie sublime, sous la plume d’un véritable écrivain. Numbers commence par une explosion de couleurs : les lumières sont jaune, arc-en-ciel, le sud est violet bleu doré. Puis les ruelles sont grises, et le Nuage qui recouvre LA semble ternir l’ensemble. Et enfin, les lieux de rencontre sont dans l’obscurité, les balcons sombres des salles de cinéma, les cavernes des parcs autrefois luxuriants, les coins de nuit noire pour des ébats rapides sans jouissance.
John Rechy est un écrivain majeur aux États-Unis, père et point de départ d’une littérature homosexuelle connue et reconnue de l’autre côté de l’Atlantique. En France, Gallimard avait eu l’audace de publier dans les années 60 Cité de la nuit, son premier roman, autobiographique, sur les déambulations d’un prostitué homosexuel entre New York et la Nouvelle Orléans. Malheureusement, ce livre est aujourd’hui introuvable et il n’existait plus le moindre roman de Rechy traduit en français.
Nous devons la résurrection de la voix de John Rechy aux éditions Laurence Viallet, elles-mêmes en voie de résurrection. C’est heureux car nous avons plus que jamais besoin du reflet éblouissant de la poésie en couleurs et des contre-allées aventureuses. (Du blog un dernier livre avant la fin du monde).
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Créée
le 15 févr. 2019
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